La chanson du 26 décembre : Joanna - Si Je Meurs, Tu Fais Quoi ?

On l'a bien vu, l'urgence écologique ne cesse d'inspirer les artistes francophones. Une tendance logique dans la mesure où aucun de ces êtres a priori ultra-sensibles et munis d'un minimum de lucidité – étonnamment, ce n'est pas incompatible  ne peut manquer d'être habité par la thématique. Ce qui change, c'est le traitement : tantôt politique, tantôt sociologique, à la recherche d'un angle qui nous projette dans un avenir trop réaliste sans oublier d'envisager une lueur d'espoir, la piste de l'anthropomorphisme étant quant à elle de plus en plus prisée. La chanteuse Joanna, dont le r'n'b digital assez intraitable nous avait déjà offert un premier album réussi, récidive avec le plus expérimental "Where's the Light ?"  et enfonce le clou de terrifiante manière sur la chanson du jour. 

« Si je meurs, tu fais quoi ? »  La question pourrait être adressée à son tortionnaire par une femme battue. Le champ lexical convié y renvoie d'ailleurs plus ou moins directement et on se dit d'abord que Joanna n'avait pas besoin d'approfondir un sujet dont elle avait déjà fait le tour. Jusqu'au deuxième niveau de lecture, lorsqu'on comprend que la victime de ces violences n'est autre que notre mère à tous, et que le bourreau... hum. Se mettre dans la peau d'une entité inanimée, c'est sans doute la plus élevée des marques d'empathie. Sauf qu'agresseur et victime ne font finalement qu'un(e) seul(e). Dans la mort, le poids le plus lourd à porter échet toujours à celles et ceux qui restent. En l'occurrence, restera-t-il seulement quelqu'un ? Joanna écrit peut-être de simples ritournelles, mais le profond sentiment de vide existentiel qui suit sa question n'en est pas moins vertigineux.


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