À la base, Shaka Ponk je m'en tape un peu. Un peu beaucoup. Alors oui, pour les avoir vus en festival, je ne nie pas que ces gens ont une présence scénique, mais c'est pas Skunk Anansie non plus. À la limite, je peux y voir de temps à autre un ersatz de plus pour combler le vide laissé par Noir Désir, mais en version édulcorant quoi. Ça n'enlève rien à leur capital sympathie, et puis il faut dire que le besoin d'aspartame est en très nette augmentation pour le moment. C'est-à-dire que bon, en matière de crises, je pense qu'on commence à faire le tour là, non ?
Oui, les temps sont durs. Je dirais même plus : ça part quand même fort en sucette, si bien qu'il devient de plus en plus difficile de faire « comme ces taches qui croient que pour rien ne s'effondre, il suffit de s'en foutre ». Donc même si le risque est toujours présent de tomber dans le ridicule quand on s'essaye à la chanson engagée, j'avoue avoir fini par craquer pour un titre extrait du "Final Album" de la formation franco-berlinoise. L'inventaire des raisons d'être en colère est suffisamment exhaustif pour trouver à ce brûlot cyberpunk un côté implacable.
De plus, l'angle est particulièrement pertinent : « danser binaire », faire taire le réel en tuant l'ennui, voilà bien une position qui nous force à regarder en face nos lâchetés quotidiennes. Si tout le monde danse ou presque, c'est parce qu'au fond « il suffit de ne pas se faire chier ». On pourrait croire qu'il n'y a rien de plus déprimant qu'une torch song chouinée dans un piano-voix neurasthénique ; la chanson du jour me déprime beaucoup plus. C'est pourquoi j'essaye tant bien que mal de me souvenir – sans grande réussite – que ne pas danser, ça ne veut pas forcément dire rester immobile sur une chaise en attendant le quart d'heure américain.
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