Période des fêtes oblige, nos amis de l'industrie musicale mettent les petits plats dans les grands pour vous (faire) offrir des compilations qui ont parfois un fumet désagréable de fin de carrière. D'où l'expression : ça sent le sapin. Commodément sorti fin novembre, "Éclectique" recense la plupart des duos enregistrés par Gaëtan Roussel et, petit Jésus dans la crèche, se fend même de cinq titres inédits. Honnêtement, et je dis ça malgré la présence de Soprano, c'est loin d'être le pire investissement ou la manœuvre la plus cynique de la part de nos voisins français, champions du monde – titre qu'ils n'ont pas volé, pour le coup – du faire-acheter-deux-fois-le-même-disque.
Passées ces considérations, il faut poser un constat : Gaëtan Roussel est de toute évidence un des gars les plus sympa du paysage musical de là-bas. Quand il ne reforme pas Louise Attaque, il est régulièrement occupé à collaborer avec tous les musiciens qu'il croise entre deux plateaux télé. Et on sent que ça se fait sans le moindre opportunisme, à tout le moins de sa part. Si tout le monde se l'arrache légitimement pour son sens du tube, lui reste en mode boy-scout, toujours prêt à s'offrir une récré sans se soucier de basses questions de crédibilité ou de prestige (je vous ai dit qu'il y avait Soprano ?). Non non, la démarche est honnête et instinctive, ce monsieur carbure au combo plaisir d'offrir / joie de recevoir. C'est pour ainsi dire le Ferrero Rocher de la variété française.
Sur "Éclectique", on trouve donc de tout (notamment Soprano, je ne sais pas si vous saviez). Comme d'habitude, Calogero passe une tête pour qu'on vive une épreuve pendant 4 minutes, mais à part ça on trouve beaucoup de duos de bonne facture (il y a malheureusement aussi Soprano). La rencontre avec Daniel Auteuil est délicieuse, et la collaboration avec Louane impressionnante. Nettement plus dispensable, on retrouve aussi le duo raté avec Isabelle Adjani mais il y a de quoi se faire pardonner par ailleurs (si on ne compte pas l'apparition de Soprano).
Sans grande surprise, le meilleur moment est dû à la présence de Bertrand Belin, qui sublime Promenade de son charisme magnétique et par la grâce de sa voix rocailleuse. Grâce aussi à des arrangements très classe mais d'une relative sobriété, ce titre relève sans peine le niveau d'un album forcément inégal, étant donné qu'on y entend hélas un feat' de Soprano. Ce dernier avait d'ailleurs proposé de poser un petit seize-mesures pépère sur Promenade, mais finalement ça ne s'est pas fait. Le Seigneur, dans son infinie miséricorde, a aussi des oreilles.
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