La chanson du 23 octobre : Marie-Flore - Simplement

Nous n'irons plus au bois, ni jusqu'à qualifier Marie-Flore d'artiste confidentielle. La native de Clichy semble se situer précisément dans cette zone grise où évoluent d'autres chanteuses francophones qui jouent pour un public averti mais disposent d'assez de notoriété pour construire une carrière visible. C'est ce qui nous permettra, espérons-le, de la voir encore longtemps sur des scènes à dimension humaine, sans chichis et sans tube interplanétaire, puisqu'à peu près toutes ses chansons sont d'un niveau, disons, discrètement magistral. 

Si on connaît surtout Marie-Flore Pol pour ses ritournelles synthétiques, enduites d'une patine kitsch largement redevable aux années 80, on craque particulièrement pour ses moments sensibles et ses penchants récents pour des orchestrations plus organiques. Après un EP de reprises de son répertoire en version quatuor, la Française s'offre le luxe de se faire remarquer sur la compilation hommage à William Sheller, malgré un casting quatre étoiles. Sa version de Simplement est si renversante qu'elle donne même son titre à l'album.

Bon, pour dire les choses plus honnêtement, "Simplement Sheller" peut justifier son intitulé autrement. Il ne s'agit pas d'une compile de reprises classique, puisqu'elle repose sur un concept... simple : épurer le catalogue du maître en privilégiant le piano-voix, comme lui-même l'avait fait sur le légendaire "Sheller en Solitaire". Le résultat est à la hauteur des effectifs : se côtoient en effet de nombreux artistes appartenant à la zone grise précitée et donc au talent confirmé ; si bien que la sélection d'un titre dans ce vivier d'excellence n'a pas été chose aisée. 

Eddy de Pretto ouvre les réjouissances avec doigté, Albin de la Simone et Vincent Delerm sont chacun impériaux, Vienne impose la majesté de Zaho de Sagan, et qu'attendre sinon le meilleur de la part de Florent Marchet, de Jeanne Cherhal ou encore de Malik Djoudi ? Les deux semi-ratés du disque échéant, par ailleurs, aux deux musiciens les plus expérimentés : d'abord Véronique Sanson, dont l'organe accuse malheureusement le poids des années, puis Calogero dont l'interprétation d'Un Homme Heureux est aussi mièvre qu'on pouvait s'y attendre. 

Du reste, cette compilation est un concentré de bonheur et pour revenir à la chanson du jour, Marie-Flore tire bel et bien son épingle du jeu en réussissant à concilier deux pôles opposés : son chant est en effet empreint d'une nonchalance habitée, doux oxymore pour tenter d'expliquer combien la sobriété est ici une façade pour contenir une émotion prête à déborder. La chanteuse arrive donc à trouver un équilibre  pas si simple que ça  entre retenue et impudeur, et voilà pourquoi c'est juste très beau. Prends-en de la graine, Calogero. 



N'hésitez pas à explorer plus avant cette collection de titres acoustiques. Allez, je vous mets les meilleurs du CD. Vous allez voir, ça vaut franchement le détour (par YouTube ou par la Fnac, ça c'est vous qui voyez)...






Commentaires

Marc a dit…
Bon, j’ai écrit un article qui est d’accord en tous points avec ton article. Pas la peine d’aller le lire (surtout qu’il n’est pas encore publié). Alors je profite de mon passage pour signaler qu’une reprise d’Oh J’cours Tout Seul par Peritelle est sortie… aujourd’hui sur un EP de reprises.

https://peritelle.bandcamp.com/album/m-lancover-vol-3
Laurent a dit…
Ça fait deux excellentes nouvelles dans le même commentaire ! Merci de me rappeler l'existence de Carl Roosens, qui quitte régulièrement mon radar depuis qu'il a délaissé le support physique. Ce type est doué pour les reprises réjouissantes, je pense notamment à celle de Balavoine avec les Hommes-Boîtes que j'avais adorée.

https://www.youtube.com/watch?v=T5KVQjlBVoI