La chanson du 26 novembre : Fabien Martin - Dans Ma Boîte Noire (avec Ours)

L'année 2023 n'a pas été avare de découvertes, et notamment au rayon chanson française. Beaucoup de ces bons plans  citons par exemple l'énigmatique Auren, l'incontrôlable Claude ou la ténébreuse Buridane – ont été dénichés à l'épicerie musicale du coin, qui a le chic pour exposer dans ses étalages des artistes porteurs de ce fameux air, désormais largement répandu, de « ne pas y toucher ». Le piège, avec ces chanteurs hermétiques à l'immédiateté, c'est évidemment de ne les écouter qu'une seule fois, alors que leurs galettes nécessitent toujours un peu plus d'engagement. C'est le cas d'école auquel nous confronte Fabien Martin avec son album "Je Ne Fais Que Marcher dans la Montagne", recueil précieux de chansons évidentes mais faussement simples.  



« On voudrait tous éviter d'être dans les derniers de cordée. »  Voilà une des peurs qui anime  ou parfois tétanise, dans l'entre-soi et l'immobilisme – tant d'auteurs-compositeurs-interprètes francophones ou d'ailleurs, qui tentent juste de trouver leur place dans le métier. Il faudrait citer tout le texte de Comment Devenir Qui Je Suis, chanson sartrienne et guide de développement personnel (« Si je ne prends soin de moi, qui d'autre le fera ? ») car elle illustre parfaitement l'art de Fabien Martin. Cet art, c'est celui d'exorciser et sublimer ses fragilités pour en faire la matière première de sa musique, dans le recours aux mots les plus simples. Le vrai talent ici, c'est de les agencer.

Fabien Martin  entré depuis près de vingt ans dans le club des chanteurs à deux prénoms aux côtés de Claude François et Patrick Sébastien  est par ailleurs un grand adepte du talk-over. Capable de déclencher des émotions puissantes en mettant sa vie en scène (« jamais impudique, toujours sincère »  rétorque le communiqué de presse), il a confié la partie « parlé-chanté » de notre perle du jour au fils Souchonalias Ours, pour mieux se concentrer sur une interprétation intense et mélodique. Dans Ma Boîte Noire  part d'une métaphore : l'existence envisagée comme une série de crashes aériens. De là, Martin déroule le bilan de ses erreurs et de ses errances, enclin à rêver (« encore ce que l'on fait de mieux ») pour se donner l'illusion que le voyage  cette vie toute cabossée – connaîtra une destination qui fait sens, pour peu qu'on serre nos enfants dans nos bras.


Commentaires

Marc a dit…
Evidemment rien à ajouter à ton article. Sinon que c'est le neveu de Michel Jonasz. Ce qui n'est pas pertinent pour évaluer sa musique (que j'aime beaucoup) mais est authentique.
Laurent a dit…
Cette fameuse boîte noire serait donc en réalité une boîte de jazz ?!
Jean a dit…
Une boite de blues plutôt ?
Bouch'Art a dit…
Michel Jonasz, encore un chanteur à deux prénoms... Aller, je me remets les sardines de Patrick Sébastien.
Laurent a dit…
C'est là que je me rends compte un peu honteusement que j'ai oublié de citer Frank Michael...