On imagine que Stéphane Milochevitch – qui ne veut désormais plus qu'on l'appelle Thousand – doit être un grand fan d'Alain Bashung. Sa poésie sibylline, proche de l'univers du parolier Jean Fauque, atteste suffisamment d'un penchant pour la chanson sophistiquée qui fait penser, également, à certains noms beaucoup plus obscurs comme Marcel Kanche ou Centredumonde. Si le Steph' choisit désormais d'officier sans pseudonyme, ce n'est pas pour mieux embrasser la langue française, qu'il manie en grand voltigeur depuis "Le Tunnel Végétal" en 2018. On pourrait donc le croire revenu à une forme d'art simplifié, et c'est en partie ce qui se passe sur son nouvel album "La Bonne Aventure", quand bien même ce dernier est un rien mieux produit que les précédents.
Bref, n'ergotons pas à l'infini sur cette coquetterie patronymique et revenons à la musique. La chanson du jour est une ballade pop-rock limpide comme savent en signer quelques faiseurs de westerns à la française. Avec son phrasé légèrement détaché à la Hervé, Milochevitch y déclame des paroles énigmatiques dont le sous-texte est incontestablement politique, mais sans nous livrer toutes les clés de lecture parce que c'est bien connu : avec des symboles, l'exégèse est plus folle. En résulte cet excellent trip un rien surréaliste où se croisent Lucrèce, flics éborgneurs et panzerschokolade, et curieusement tout fait sens. Ça doit être ça qu'on appelle le talent.
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