Qu'est-il arrivé à Joseph Arthur ? La réponse est simple : cet artiste américain, qui fait partie des plus importants forgerons de ma culture musicale, a complètement pété les plombs pendant la crise de 2020 et s'est perdu dans un discours antivax virulent, ascendant complotiste. Dans une période où Akhenaton tenait des propos également virulents mais nettement plus argumentés et respectueux du monde médical, Joseph Arthur est apparu quant à lui, et sans crier gare, comme un proto-cinglé conspirationniste militant. Résultat, il a été lâché par son manager et sa maison de disques, errant depuis comme il l'a fait régulièrement au cours de sa carrière : en artiste maudit.
Toujours aussi créatif – ou du moins productif – Arthur n'a jamais laissé ce revers lui pourrir la vie et il continue de publier ses chansons sur Bandcamp ou sur X, mais plus aucun album depuis 2019. Dans la mesure où ces titres lâchés au compte-goutte s'avèrent rarement remarquables, je n'ai pas cru bon de vous les signaler jusqu'à aujourd'hui. Il est plus difficile, toutefois, de rester insensible à la chanson du jour, qui se fait l'écho quasi immédiat de l'actualité que vous imaginez. Quoi qu'on pense de son texte un peu neuneu, il faut comprendre que l'orfèvre d'Akron s'est toujours frotté – parfois en sous-Dylan – à la tradition de la protest song, et c'est ce qu'il fait ici.
Malgré quelques maladresses dans le propos, donc, il faut savoir gré à l'ami Joseph de renouer avec une émotion dont la spontanéité fait aussi la force. Si on peut regretter que le musicien continue de s'autoproduire, tant on connaît par cœur ses overdubs et sa vieille boîte à rythmes, il est par ailleurs plaisant de le retrouver sur ce genre de ballade languide quoique toujours habitée. Grand gourou de la fraternité et prédicateur humaniste, Joseph Arthur reste l'ombre de lui-même mais ça suffit à le rendre unique et, de temps à autre, encore pertinent.
Commentaires
Le troisième et le quatrième, très très bons aussi. Après...