La chanson du 29 novembre : Lisette Lombé & Cloé du Trèfle - Les Injustices

Il y a des associations qui s'avèrent être des évidences, même si elles sont avant tout circonstancielles. Mais l'échange de bons procédés auquel se sont livrées la poétesse liégeoise Lisette Lombé et l'électronicienne bruxelloise Cloé du Trèfle fut surtout placé, de leur propre aveu, sous le signe de la fluidité. Collaboration née durant le confinement, "Brûler Danser" est depuis deux ans un spectacle qui sillonne les routes francophones et que je regrette d'avoir manqué. C'est aussi aujourd'hui un album qui reprend, sans l'ardeur imprévisible de l'instant T, les créations du duo belge. Créations surprenantes mais où tout, de fait, semble couler de source.



Ce sont surtout des chansons débordantes de vie que l'on entend sur "Brûler Danser". Elles racontent le parcours de Remontada, personnage nommé en référence au huitième de finale de la Ligue des Champions en 2017, que Lisette Lombé narre de façon passionnante – et vous pouvez en croire quelqu'un qui s'en tamponne sévère du foot. « Remontada, [...] par extension pour nous, sera le  prénom de notre héroïne, puisqu'il faut bien un nom pour cette femme que voilà. »  Deux chapitres plus loin, ce personnage se frappe la tête devant sa télé en voyant une candidate à l'élection de Miss Quelque Chose rester muette, bouche bée, incapable de répondre à une question bateau : quelle injustice feriez-vous cesser si vous possédiez une baguette magique ?

« Mais bon sang ma belle ! Des injustices, il y en a des tonnes... »  Et notre narratrice de dérouler un inventaire non exhaustif de ce qui nous divise dès la naissance. Le récit slammé par Lombé est si habité qu'on finirait presque par oublier  sacrée fluidité ! – avec quelle précision chirurgicale la musique de Cloé du Trèfle l'épouse. Si on n'atteint pas les summums de suffocation vécus chez Glauque, il semble tout de même pertinent de constater que le sol belge s'affirme comme un terreau de poésie sépulcrale sur fond d'électro dark.  Prenons-le comme une bonne nouvelle. Le spectacle reviendra en 2024, tout espoir n'est donc pas perdu d'expérimenter, au plus près de la chair, cette alliance terriblement lascive de sons, de rythmes et de mots.


Commentaires

Marc a dit…
Evidemment Glauque a un peu tué le game. Je suis moins sensible à ceci, même si l'intégration entre le fond et la forme est réussi. Sauf que le fond ne m'inspire pas plus que ça en fait.

Tiens, j'ai vu ce match (j'en vois très très peu) dans un lobby d'hôtel au Brésil. Elle raconte ça moins bien que Rodrigo Beekens en tous cas.