Je vous l'avais dit, qu'on en reparlerait. Et tout en restant dans l'actualité, en plus. Parce qu'à force de citer cet artiste à l'identité sonore atypique mais dont personne ne revendique l'influence, il fallait bien en reprendre quelques nouvelles. Très bon plan. C'est en effet cette bienveillante curiosité qui m'a amené à découvrir qu'Arman Méliès avait un nouveau disque sous le coude. Qui plus est un double album – "Obake" – dont presque aucun média n'a eu le bon goût de parler, et qui est donc passé entre les mailles d'une rentrée chargée. Franchement, le désintérêt général que suscite ce monsieur m'échappera toujours, tant il est disproportionnel à son talent.
Pas étonnant qu'Arman Méliès, qui a récemment passé la barre des 50 balais, ait choisi comme nom de scène celui d'un des pères fondateurs du 7e art, lui dont la musique est tellement cinématographique. Sur sa dernière pépite, il signe d'ailleurs quelques longues plages instrumentales et des élégies sans percussion qui confèrent, à son œuvre déjà très atmosphérique, des accents contemplatifs pour ne pas dire ambient (pardon pour ce gros mot). Arman Méliès, c'est du western dans les nuages, avec de temps en temps une petite éruption volcanique pour embaumer l'air de fumée toxique. C'est aussi surtout une voix pénétrante et pénétrée.
Habitué à chanter sublimement la lumière et les ténèbres, Méliès s'est pourtant laissé aller, sur son nouveau disque, à céder le lead à quelques invités. Quand c'est le cas, il n'y a même pas de duo qui tienne : l'hôte se contente de s'effacer au profit de la vedette, et voilà que désormais cet artiste de l'ombre – compositeur pour Bashung, pour Thiéfaine ou encore Julien Doré – reproduit son syndrome de Cyrano sur ses propres albums. Heureusement, il interprète seul quelques grandes chansons dont cette Chancelle magnétique, tube manqué qu'un artiste institutionnalisé aurait peut-être emmené sur les ondes radio. Tant pis pour la radio.
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