C'est pas pour faire mon schtroumpf grincheux, mais à la base je n'aime pas (beaucoup) les albums live. Un concert, c'est fait pour se vivre dans une salle – pas trop grande de préférence – et non dans son salon. Quel est l'intérêt d'écouter de la musique live en différé, sans les odeurs de sueur et de marie-jeanne, sans les Flamands qui parlent trop fort, sans les applaudissements et les acouphènes ? Quand Nagui fait chanter ses copains à "Taratata", il demande à Pullicino de mettre le bruit des spectateurs contents bien fort dans le mix pour que ça fasse plus concert. Mais non, désolé, moi ça me casse les... euh... ça me casse dans mon élan.
On a envie d'écouter de la musique, pas des gens qui écoutent de la musique. Il y a des artistes, genre Kraftwerk ou Anohni, Jean-Louis-Murat et même Indochine, qui ont enregistré des disques de concert sans public audible, et là je dis bravo. Attention, il y a bien évidemment une poignée d'albums live absolument indispensables comme le légendaire "Unplugged" de Nirvana, le "Banzaï" des Guns' n' Roses ou encore quelques U2, pour n'évoquer que les souvenirs d'adolescence. L'histoire retiendra bien sûr aussi Johnny Cash à Folsom, James Brown à l'Apollo ou Bowie dans le rôle de Ziggy Stardust, mais ce sont quelques-unes des exceptions qui confirment la règle.
De temps à autre, arrive pourtant une de ces galettes qui propose quelque chose en plus. Je ne sais pas ce que serait ma vie, en effet, sans la version d'un quart d'heure de Purple Rain à Syracuse, sans un "Seul au Piano" de Pierre Lapointe et sans l'association de Venus avec l'Ensemble Musiques Nouvelles. La revisite symphonique est d'ailleurs un sous-genre à part entière de la catégorie live. Si sur papier, on est bien obligé dans ce cas-là de parler de plus-value, certains s'y sont cassé les dents et leur répertoire n'y a rien gagné. Oui, je te vois Metallica !
Dès lors, je n'attendais pas grand-chose de cette captation d'un concert de Biolay à l'Auditorium de Lyon, et j'ai été bluffé. Il faut dire que le bonhomme a de la bouteille et sait comment choper un public. Bonne nouvelle : ça se retranscrit assez bien sur disque. À l'Origine est sans doute ma chanson préférée de Benjamin Biolay. C'est aussi le premier de ses albums à m'avoir marqué, celui où il entamait sa métamorphose en Gainsbourg, et c'est sur cette tournée que je l'ai vu pour la première fois en concert, à l'Orangerie du Bota. Il a fait du chemin depuis, mais la version offerte ici brûle d'une nouvelle jeunesse. Outre les arrangements déments de Joséphine Stephenson, c'est l'interprétation habitée de Biolay qui m'a mis les poils avec son extraordinaire montée en puissance, une véritable masterclass d'intensité. Si comme moi, vous n'écoutez qu'un seul album live par an, ne cherchez plus.
Commentaires
Biolay est évidemment plus que légitime sur cet exercice. Mais c'était sans doute encore mieux 'en vrai'.