La chanson du 29 octobre : plutôt Holly ou plutôt Olivia ?

Il y a une motion de défiance semi-légitime à l'encontre de ces jeunes chanteuses qui ont le popotin entre deux Östanö (c'est le nom d'une chaise IKEA). D'un côté, une ribambelle de bonnes intentions rock, mais passées à la moulinette YouTube parce qu'on peut quand même difficilement s'enfiler une vie d'histoire musicale en l'espace d'une adolescence ; de l'autre, un ancrage pop redevable à des artistes qu'on respecte pour la plupart, mais qui nous ont parfois fait saigner des tympans. Cet écartèlement pourrait donner lieu à un art œcuménique, une culture du consensus mou qui justifierait la circonspection. Mais analysons les faits dans une perspective diachronique.

Il y a vingt ans, l'hybridation précitée accouchait d'un monstre. Ainsi était né le syndrome Avril Lavigne : je joue de la guitare dans mon garage après la skate park mais j'adore quand même les licornes. Aujourd'hui, il faut contempler le phénomène Billie Eilish pour se rendre compte que la donne a changé. La rock cred' ou son absence ne sont plus des arguments recevables, seul compte le dosage de sucre et d'épices, et en l'occurrence Billie dose ça très bien. Dans sa foulée, apparaissent forcément quelques suiveuses dont les deux plus prometteuses viennent de faire paraître leurs secondes galettes respectives. Je vous propose d'arbitrer leur duel.



À ma gauche, venue d'Angleterre : Holly Humberstone. Une gentille demoiselle de 23 ans qui a rencontré un succès raisonnable avec ses premiers singles, sorti un mini-album solide et balance aujourd'hui son premier vrai LP, dont la chanson-titre ne manque pas d'entrain malgré son titre dépressif : Paint My Bedroom Black. À ma droite, une Américaine de 20 ans, star déjà planétaire depuis son tube Drivers License, qui confirme avec son sophomore "Guts" qu'elle sait (co-) écrire des chansons pas si neuneu : Olivia Rodrigo. 

Son Pretty Isn't Pretty démarre comme un vieux hit grunge avant de fouler des platebandes plus consensuelles, tout comme le morceau de Holly dévie progressivement de sa touche rock eighties. Dans les deux cas on flirte avec la facilité, mais tout ça reste décidément bien agréable. Alors ce qu'on va faire, c'est que je vous laisse écouter les deux titres et vous me dites celui que vous préférez, car j'ai une playlist à cuisiner. Plutôt peste et choléra, pour vous ? Ou vous avez trouvé votre moment de plaisir de la journée ? On se dit quoi, hein.        



Commentaires

Marc a dit…
'on flirte avec la facilité, mais tout ça reste décidément bien agréable". Exactement, c'est tou-à-fait ça. J'ai presque déjà oublié les morceaux...

Mais définitivement Holly pour moi.
Laurent a dit…
Dans les deux cas, j'aime beaucoup l'intro et les couplets mais ce sont les refrains qui freinent un peu mon élan (pas l'animal).