Il y a une motion de défiance semi-légitime à l'encontre de ces jeunes chanteuses qui ont le popotin entre deux Östanö (c'est le nom d'une chaise IKEA). D'un côté, une ribambelle de bonnes intentions rock, mais passées à la moulinette YouTube parce qu'on peut quand même difficilement s'enfiler une vie d'histoire musicale en l'espace d'une adolescence ; de l'autre, un ancrage pop redevable à des artistes qu'on respecte pour la plupart, mais qui nous ont parfois fait saigner des tympans. Cet écartèlement pourrait donner lieu à un art œcuménique, une culture du consensus mou qui justifierait la circonspection. Mais analysons les faits dans une perspective diachronique.
Il y a vingt ans, l'hybridation précitée accouchait d'un monstre. Ainsi était né le syndrome Avril Lavigne : je joue de la guitare dans mon garage après la skate park mais j'adore quand même les licornes. Aujourd'hui, il faut contempler le phénomène Billie Eilish pour se rendre compte que la donne a changé. La rock cred' ou son absence ne sont plus des arguments recevables, seul compte le dosage de sucre et d'épices, et en l'occurrence Billie dose ça très bien. Dans sa foulée, apparaissent forcément quelques suiveuses dont les deux plus prometteuses viennent de faire paraître leurs secondes galettes respectives. Je vous propose d'arbitrer leur duel.
Son Pretty Isn't Pretty démarre comme un vieux hit grunge avant de fouler des platebandes plus consensuelles, tout comme le morceau de Holly dévie progressivement de sa touche rock eighties. Dans les deux cas on flirte avec la facilité, mais tout ça reste décidément bien agréable. Alors ce qu'on va faire, c'est que je vous laisse écouter les deux titres et vous me dites celui que vous préférez, car j'ai une playlist à cuisiner. Plutôt peste et choléra, pour vous ? Ou vous avez trouvé votre moment de plaisir de la journée ? On se dit quoi, hein.
Commentaires
Mais définitivement Holly pour moi.