La chanson du 20 octobre : Mustafa - Name of God

Il y en a, là dans le fond, qui vont passer leur tour sur ce morceau parce qu'ils ou elles se font plein d'idées sur le genre musical dont il sera question : un type en qamis qui fait le kéké sur une mob avec un drapeau du Soudan, ça va suffire pour snober l'artiste du jour. Ils ou elles se fourreront le doigt dans l'œil jusqu'au nerf optique parce que non, Mustafa ne fait ni du raï (malgré sa tenue exotique), ni du hip hop (malgré ses potes qui font wesh avec les doigts dans le clip). Et même les gens qui ont eu le bon goût d'écouter "When Smoke Rises", son très bon album sorti il y a deux ans, auront le droit d'être déroutés par le chemin qu'emprunte ici son r'n'b délicat.

Produite par l'omniprésent Aaron Dessner, champion de la réhabilitation d'artistes pop aux penchants folkeux, la chanson du jour ressemble à s'y méprendre à un titre de Bon Iver qui ferait un comeback en force (ce qu'il a déjà fait cet été, mais quasi personne n'a remarqué non plus). Celui qui se faisait autrefois appeler Mustafa The Poet y déploie son chant bouleversant pour guérir des nouveaux deuils qui l'ont dernièrement affecté, et explorer le sentiment de soulagement qui suit le chagrin, lorsqu'enfin le « mode survie » cesse de nous entraîner dans un brouillard qui parasite l'empathie. Tant le propos que la musique font sens, et leur harmonie est sublime.

« Whose lord are you naming when you start to break things ? »  Il y a bien des façons d'entendre ou de lire ces mots aujourd'hui. On est ici pour parler de musique et on ne fait pas de politique. Mais le message résonne d'une manière particulièrement poignante, et on se dit que la chanson de Mustafa est une offrande de douceur au timing impeccable. La douceur, c'est sans doute une des seules choses qui peut se consommer sans modération (je n'ai pas dit « les douceurs »). J'espère donc que cette dosette vous permettra de refaire le plein pour la journée. 



P.S. : Pour vous prouver à quel point le pastiche de Bon Iver est finement réussi, comparez pour voir avec la tentative pathétique à laquelle Ed Sheeran se livre au même moment. Voilà. Ce type remplit deux stades, preuve qu'une grande majorité du public apprécie surtout l'art quand il est facile, divertissant et plein de raccourcis.


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