La chanson du 20 juin : Rufus Wainwright - Going to a Town (feat. Anohni)

Parfois, des trajectoires artistiques qui n'ont a priori aucun lien connaissent quelques intersections. Ainsi, tout comme Janie hier, Rufus Wainwright a décidé de replonger en enfance pour nous livrer un aperçu des influences qui l'ont forgé. Comme on sait le garçon protéiforme, le sommaire n'est évidemment pas exhaustif : le Canadien nous a déjà partagé sa passion pour l'opéra, Judy Garland ou encore Shakespeare. Cette fois, il évoque plus directement son héritage. Un papa chanteur (rassurez-vous, pas Jean-Luc Lahaye) ; une maman chanteuse ; une sœur chanteuse ; ça continue jusqu'aux tantines et aux arrières-cousins, mais avec une constante : chez les Wainwright, on a toujours fait du folk. 

Résultat : un disque intitulé "Folkocracy", où Rufus reprend quelques standards du genre en excellente compagnie. Outre la famille, s'y côtoient pêle-mêle diverses pointures telles que Sheryl Crow, John Legend, David Byrne, Brandi Carlile et j'en passe. Même s'il s'agit là d'un de ces one shots anecdotiques dont la carrière de Rufus fourmille, la somme des savoir-faire à l'ouvrage continue de garantir à l'artiste une place de choix dans notre petit panthéon. Vous voulez une bonne raison de plus ? La meilleure plage de l'album voit Wainwright reprendre une de ses propres chansons, ce qui en dit assez sur son impact culturel. 

Réinventée de la meilleure des façons, Going to a Town se métamorphose en ballade country crépusculaire, laissant pléthore d'espace à ses arrangements de cordes cinégéniques et surtout, à la voix unique d'Anohni. Les deux hypersensibles n'avaient plus collaboré depuis "Want" il y a vingt ans. Alors que le retour de la chanteuse anglaise est imminent  deux singles un peu trop sobres ont été lancés en éclaireurs , ce duo vient nous rappeler combien on se languit de la réentendre sur des instrumentations chatoyantes. Moment suspendu, le lifting du jour illustre en outre parfaitement cet adage bien connu : once a classic, always a classic.


Commentaires

Marc a dit…
Sur le papier c’est l’album le plus anecdotique de l’année et à l’arrivée c’est bien plus que ça. Il n’est jamais aussi fort que faussement en roue libre, quand ça sent l’album enregistrée en robe de chambre (en soie).
Laurent a dit…
Mais oui, ça c'est tout mon Rufus ! Toujours se méfier de ses projets parallèles, qui sont un peu comme ces soirées où on va sans s'attendre à grand-chose et qui finissent en guet-à-pintes jusqu'aux aurores...