On ne sait jamais, il pourrait y en avoir parmi vous qui se souviennent d'un temps où Devendra Banhart figurait comme un véritable canon de la branchitude. Avec quelques albums de weird folk imprégnés de ses origines vénézuéliennes, le chanteur a ambiancé, entre deux rasades de CocoRosie, plus d'une soirée bobo arrosée au mojito. Ses dernières nouvelles discographiques – un joli "Ma" pré-crise sanitaire – le voyaient d'ailleurs maturer sans trahir sa manière artisanale et acoustique. Si vous faites partie de ces gens qui ont bonne mémoire et tiennent à leurs repères, attachez vos ceintures parce que le virage est à angle obtus.
En prélude à un "Flying Wig" prévu pour la rentrée, Devendra présente un single qui fait péter la cold-wave très eighties. Ça va toujours ? Parce que personnellement, j'ai encore du mal à me remettre du grand écart. Vous m'auriez annoncé un délire gangsta rap ou une reprise de Patrick Sébastien, ça m'aurait fait le même effet. La pirouette est d'autant plus inattendue qu'elle est réussie et nous offre, tout simplement, un des meilleurs morceaux enregistrés par l'artiste. Aux commandes de ce u-turn, Cate Le Bon signe une production bien âpre qui mâtine l'intransigeance de Durutti Column à l'espièglerie glam des Sparks, voire de Bowie dans sa période fashionista.
Quel plaisir de voir une vieille connaissance, dont on croyait tout savoir depuis vingt ans, se réinventer à la fleur de l'âge. Que faire sinon l'encourager à vivre à fond le premier jour du reste de sa vie ? Dans le monde du travail, on appelle ça une reconversion. Dans le mien – le nôtre ? –, ça porte un autre nom : crise de la quarantaine.
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