La chanson du 7 mai : Ed Sheeran - Salt Water

Hasard du calendrier : alors que nous arrivait le nouveau SBTRKT, paraissait le même jour "Subtract". Et ? Non, rien. Je trouvais la coïncidence cocasse, c'est tout. À part ça, rien à voir. Le premier est un projet électro plutôt pointu et le second, le dernier album du nettement plus émoussé Ed Sheeran. Pourtant, alors qu'on fait ce qu'on peut ici pour maintenir un certain niveau d'exigence en matière de défrichage sonore, il faut cette fois se rendre à l'évidence : SBTRKT m'a très vite gonflé avec ses expérimentations onanistes, alors qu'en dépit de ses fréquentes poussées de mièvre, Sheeran regagne occasionnellement ma confiance. D'autant que comme l'annonce le titre de sa sortie toute fraîche, il s'est pour le coup réorienté vers l'économie de moyens.

Soustraire est donc le mot d'ordre de " - ", qui clôt la pentalogie mathématique entamée il y a plus de dix ans. Après avoir fait la somme de son savoir-faire sur " + ", Sheeran avait multiplié les exploits sur " x ", avant de diviser sa fanbase originelle avec le très pop " : " puis d'atteindre un niveau de popularité sans égal avec " = ". Résultat : deux shows sold out dans notre Stade Roi Baudouin, un truc assez fou en ce qui me concerne lorsque me revient le souvenir d'un concert à l'AB Club (250 places) en 2012. Bref, le garçon a fait du chemin.

Soustraire, quelle bonne idée. Ed Sheeran, qui en fait souvent des caisses en termes de guimauve, n'évite aucun écueil sur son cinquième disque. Heureusement toutefois, aucun featuring avec Justin Bieber en vue. Le natif d'Halifax se contente d'enchaîner des ballades folk aux accents d'Irlande, comme les héros du genre Damien Rice ou Glen Hansard, mais en tellement moins subtil... et ce, malgré la contribution conséquente d'un des deux frères Dessner, qui produit et co-écrit tous les titres. 

Les chansons d'Ed Sheeran se ressemblent souvent à peu de choses près  d'où la confusion fréquente des ayants droit de Marvin Gaye  mais cette homogénéité parfois monochrome permet de déceler certaines nuances entre « vachement sucré » et « diabète assuré ». Mauvais esprit mis à part, c'est aussi grâce à l'unité de ton qu'on peut facilement isoler quelques franches réussites. C'est selon moi le cas de la chanson du dimanche, qui réconciliera l'auditeur mélancolique avec ses pulsions de mort.  


Commentaires

Marc a dit…
Aaron Dessner ne peut pas faire des miracles, c'en est preque rassurant. Outre la sympathie naturelle qu'il dégage, il faudra tout de même que quelqu'un m'explique pourquoi il est un des artistes les plus populaires de la planète.

Il devient quoi, James Blunt?
Laurent a dit…
James Blunt - qui dégage également une vive sympathie naturelle - explore désormais son côté grunge avec des reprises (ratées) des Pixies. Qu'on ne vienne plus dire que ce garçon est propre sur lui.

Pour répondre à ton autre question, je ne m'explique pas la popularité du Nutella ou du Capri Sun, et pourtant... leurs goûts respectifs doivent avoir quelque chose de rassurant. Sur un malentendu, au détour d'une crêpe, je ne crache pas dessus même si je ne cautionne pas l'huile de palme.
Marc a dit…
La dernière fois que j'avais entendu parler de James Blunt c'était pendant le premier confinement et il s'engageait à ne pas faire de reprises dans sa cuisine.

La question était oratoire bien évidemment, ça semble comme tu dis destiné à ne pas déplaire plutôt qu'à faire un smash...