Vous je sais pas, mais perso je n'étais pas né à l'époque où il fallait choisir son camp et décider si on était plutôt Beatles ou Stones (j'aurais été Beatles). Après, vous avez peut-être connu l'époque où il fallait choisir entre Oasis et Blur (je ne vous ferai pas l'injure de préciser vers qui allait mon allégeance) voire, pour les plus branchés d'entre vous, entre Justin Bieber et One Direction (attention, là il y a un piège). Cependant quand j'étais ado, il y avait dans mon école une autre rivalité mythique et je me suis toujours demandé si elle s'était également répandue hors ses murs. Oui, au bahut, la guerre faisait rage entre les fans de U2 et ceux de Depeche Mode.
À l'époque, les quatre Dublinois étaient mes idoles absolues et aujourd'hui encore, je continue à préférer "Achtung Baby" à "Violator". En plus, les concerts ne souffraient aucune comparaison et les délires télévangélistes du showman Bono me faisaient bien plus d'effet que les gesticulations du pantin Gahan. Aujourd'hui, il convient de nuancer vu qu'il est arrivé cette chose qui s'appelle le 21e siècle et que depuis son arrivée, l'un des deux groupes s'est enfoncé dans une relative médiocrité quand l'autre n'était pas loin de se bonifier. Alors, une semaine après la sortie du très dispensable album de relectures de U2 par U2 – qu'on peut clairement qualifier de non-événement – c'est avec un autre plaisir qu'on accueille "Memento Mori", l'album de deuil d'un groupe déjà connu pour sa rigidité gothique. C'est vous dire si on va se gondoler.
Sans être un immense album, il faut reconnaître que cette dernière production se hisse d'emblée parmi les meilleures du groupe et bénéficie, par ailleurs, d'un vrai capital sympathie. Le décès tragique d'Andy Fletcher, bassiste-zone-tampon entre deux personnalités volcaniques qui restent seules à bord, n'a pas seulement mis en péril la survie du groupe ; il a également redonné une dimension nouvelle à ces douze nouvelles chansons écrites avant la mort du musicien, mais dont certains textes résonnent forcément d'une autre manière. C'est le cas notamment d'un premier single très apprécié (Ghosts Again), mais aussi de notre chanson du jour.
Comme le reste de l'album, Before We Drown bénéficie d'une production new wave ultraléchée qui fait la part belle à l'électro mais n'oublie pas d'y intégrer un peu de mysticisme gospel. Quand Dave Gahan chante « I have a feeling you're not on my side, there's a distance between you and I », difficile de ne pas l'imaginer s'adresser à son ancien comparse (non, pas la cocaïne). D'autant qu'il renchérit dans le refrain : « We have to move forward before we drown ». C'est même pas tiré par les cheveux, si ? Ajoutez, à l'émotion déjà palpable, les chœurs habités de Martin Gore, et vous obtiendrez un grand morceau de Depeche Mode pour les fans de Depeche Mode. Et même pour ceux de U2.
Commentaires
Sinon, je sais bien que dans ton école, de toute façon, on était plutôt Binamé (le groupe, pas l'expression ^^). Je suis d'accord pour dire que "Violator" est proche de la perfection, tu as raison. Mais vu que "Achtung Baby" et "Joshua Tree" la transcendent, tu auras compris qu'il ne faut pas me lancer sur le sujet. ^^