La chanson du 23 mars : Martin Luminet - Garçon

Un garçon comme ça, vous en connaissez forcément un. « Qui fait semblant tout le temps » mais qui « n'est pas fait pour ce monde ». Un garçon avec « un monstre dans le cœur », égaré quelque part « entre un enfant de trente ans et un adulte qui fait ses dents ». Cette immaturité affective, le Lyonnais Martin Luminet la cultive sur son premier album "Deuil(s)", un disque de chanson française avec un peu de scansion dedans, comme vous en avez déjà entendu beaucoup, et depuis longtemps. Oui, vous pourrez penser à Fauve ou Hervé, ou à pas mal de talents belges émergents (Glauque, AurelLo Bailly et j'en passe), mais aussi à la variété plus vintage d'un Alain Chamfort ou d'un Peter Kitsch

Bien qu'ancré dans son temps, la parolier Luminet assume sinon un certain passéisme, du moins un profond mal du siècle. « Je voudrais mettre une balle dans la tête de mon époque », chante-t-il tandis qu'il zappe sur les chaînes du groupe Canal + et se demande « qu'est-ce qu'on attend pour tirer la chasse d'eau ». Parce que le sentiment d'inadaptation de notre prochain n'est un sujet de plaisanterie que pour les harceleurs, parce qu'on ne peut qu'avoir de la sympathie pour les freaks avec assez d'anticorps pour résister à une société malade, on pardonnera volontiers à Martin Luminet sa crise post-adolescente et ses fautes de syntaxe. Après tout, « sa langue maternelle c'est plutôt des regrets », alors saluons sa mélancolie sans la moquer : qui sait, la chanson du jour pourrait bien nous émouvoir.


Commentaires

Marc a dit…
Oh mais c’est bien ça ! Parfaitement dosé entre modernité et un côté propre sur soi pour bien passer chez les beaux-parents.
Laurent a dit…
Le chaînon manquant entre Booba et Vincent Delerm, pour ainsi dire. :D