La chanson du 10 février : The Waeve - Sleepwalking

Ils sont admirables, ces champions du multitasking, tous ces gens qui peuvent assumer de front autant de missions différentes. Si vous faites votre repassage sur un vélo d'appartement tout en regardant Netflix, vous savez de quoi je parle. Mais j'ai un meilleur exemple. On parlait la semaine passée de la reformation de Blur (à tout le moins pour quelques concerts cet été) alors que leur chanteur était déjà bien occupé. Aujourd'hui, dans la famille Stakhanov, je demande le guitariste : Graham Coxon, qui tient la six-cordes chez qui-vous-savez, se fend également d'un projet parallèle en ce mois de février. 

En l'occurrence, le voilà qui partage les commandes d'un « supergroupe » (pour utiliser la formule consacrée). À ses côtés, Rose Elinor Dougall, échappée des sympatoches Pipettes et autrice d'une carrière solo discrète mais plutôt ragoutante. Le duo nous sort une très chouette collection de vignettes rock avec à la fois de bonnes ambiances glam et post-punk, mais aussi des arrangements de cordes plantureux. Autrement dit, on serait bien au croisement de ce que les deux individus savent chacun faire de leur côté. 

Le résultat s'appelle The Waeve et s'il excelle autant dans le très enlevé que dans le très joli, c'est cette seconde facette qui vous est présentée aujourd'hui. Sleepwalking démarre ainsi comme une bonne virée contemplative scandinave (on pense à Ane Brun entre autres) avant d'emprunter quelques sentiers de traverse un rien plus jazzy. La tension monte progressivement jusqu'au solo de Coxon, qui semble nous inviter à revivre la période berlinoise de Bowie. Je ne sais pas s'il existe une définition universelle du bon goût, mais ceci s'en rapproche de manière exquise.