Contrairement à nos chers voisins du sud... et aussi ceux du nord... et aussi de la région voisine... enfin bref, contrairement à la majorité des votants à travers le monde, je dois avouer que je ne suis pas particulièrement branché « préférence nationale ». Et n'aimant par ailleurs ni le foot ni le concept de royauté, il m'est difficile de comprendre la pulsion nationaliste quand je la vois s'exprimer dans les stades, les rues ou les suffrages. Cela dit, dans le domaine musical, je ne renie pas un cocorico de temps en temps (contrairement à saint Pierre qui, avant même le cocorico, avait eu le temps de renier trois fois). Oui : nos compatriotes n'ont pas démérité cette année.
Saluons donc les efforts de certains artistes belges, que je ne promeus pas si souvent que ça, tant ils ont su se démarquer cette année dans presque tous les genres. J'en veux pour preuve "Au Revoir Siméon", superbe album signé par Swing – un des trois MC's de L'Or du Commun – qui représente ce que j'ai entendu de meilleur en 2023 au rayon rap francophone. Siméon Zuyten – son vrai nom – fait le deuil d'un ancien lui-même, chante plus qu'il ne rappe, incarne à lui seul toute une génération désabusée à qui « l'espoir mène la vie dure » et qui danse sans conviction. Le fatalisme de cette jeunesse peut passer pour de l'apathie, mais c'est simplement sa révolte qui a troqué la colère d'hier contre du désenchantement : ce nouveau mal du siècle est d'abord résolument tragique.
Commentaires