La chanson du 18 décembre : Timber Timbre - Holy Motors

Parmi les nombreux artistes indé qui poursuivent leur carrière sans la ramener, le Canadien Taylor Kirk s'affirme comme un artisan particulièrement discret. Son faux groupe / alter ego Timber Timbre avait, à une époque, le potentiel pour rivaliser avec Bon Iver mais tandis que l'un s'est littéralement envolé, l'autre a gardé les pieds bien ancrés dans le sol. Cette métaphore sur leurs succès respectifs vaut aussi pour la musique pratiquée, de plus en plus éthérée et lunaire chez l'Américain, foncièrement terrestre et terreuse pour Kirk. Son chant caverneux, moins séduisant sans doute que les voltiges autotunées de son confrère, fait partie des facteurs qui l'ont confiné dans une sorte d'ermitage, un no man's land discographique, tant et si bien qu'on a longtemps perdu sa trace.

De retour avec "Lovage", Timber Timbre confirme qu'il n'a pas les armes pour revenir dans la lumière, si tant est qu'il le voulût. Ses chansons restent étranges, délicieusement obscures mais clairement pas taillées pour le grand public. De temps à autre, on pense à l'excellent songwriter  allemand Get Well Soon dans ses moments les moins épiques, ou au projet Dead Man's Bones de Ryan Gosling pour le côté macabre. Bref, à un autre temps. Et on craque sans peine pour Holy Motors, morceau au refrain musical le plus mémorable de ce nouvel album. À mesure qu'il décrit une ville glauque, avec sa faune de racistes, de tox' et de futurs brigands, Taylor Kirk délivre dans le même temps une ambiance malaisante  et pourtant presque joyeuse  de fêtes de fin d'année fauchées. Un titre de circonstance, donc : eh oui, c'est bientôt Noël, mais pas que dans les beaux quartiers.


Commentaires

Marc a dit…
J'avais complétement perdu leur trace, pensant qu'ils avaient disparu. C'est en effet bien plus terrien que Bon Iver, et ce morceau est tout à fait top !
Laurent a dit…
Il y en a d'autres très valables sur "Lovage" mais l'album n'est pas totalement réussi, trouvé-je.