Le songwriting de Chris Garneau, artiste américain sous-estimé, a évolué au fil de sa carrière vers des territoires de plus en plus aventureux. Pourtant l'homme semble revenir, désormais, à ses fondamentaux... quitte à flirter avec une certaine mièvrerie. Rassurez-vous, cet aspect vous sera totalement épargné aujourd'hui. Extrait du récent EP de 4 titres "Out of Love", Crook est un modèle de délicatesse un rien académique, certes, mais d'un goût tout à fait exquis. Avec un sens de la retenue remarquable, tel un être profondément triste qui cherche à ne rien laisser paraître par fierté, Garneau nous livre sept minutes de chronique amoureuse déceptive.
Les deux dernières sont dominées par un talk-over sensuel sur fond de tradition country. Oui, je sais : sur papier, cette seule mention aurait dû faire fuir toute personne munie d'oreilles en bon état. Sauf qu'ici, les éléments s'imbriquent parfaitement dans le storytelling de l'artiste, qui dépeint son petit western intime à la "Brokeback Mountain", proche de la sensiblerie mais toujours assez subtil pour ne pas sombrer dans le mélo. Les guitares et la batterie languides, malgré leur ancrage americana, restent culturellement accessibles grâce au patronage d'un piano nettement moins honky tonk. D'accord, Chris Garneau porte fièrement le Stetson mais on n'a pas pour autant l'impression d'être dans un épisode de "Dallas". Académique, oui. Ringard ? A priori, pas encore.
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