La chanson du 5 novembre : Grand Corps Malade - Autoreflet

Pensez ce que vous voulez de Grand Corps Malade, je l'ai pensé un jour aussi. En bon puriste hip hop, j'ai déjà méprisé ses collusions avec la variété. L'époque n'est plus aux frontières stériles, même si ça reste un concept très à la mode à l'échelle internationale. Et ça fait un moment maintenant que Fabien Marsaud assume totalement d'être un chanteur. En plus d'être un daron. En plus d'être un chantre tête-à-claques du politiquement correct. Alors oui, le gars a un côté institutionnalisé et oui, quand ses textes dénoncent, ça dénonce gentiment. Mais à l'heure où le rap français s'est (extrême-) droitisé, où le récit des galères du trafic a fait place à son apologie, où la musique urbaine est vampirisée par la culture des réseaux sociaux et les Q.I. de dindon, nom d'une béquille ! Qu'est-ce que ça fait du bien d'écouter de la musique urbaine bobo, sans déconner.

Depuis qu'il s'est associé avec Mosimann  si si, on parle bien de ce gars qui a gagné la Starac' – GCM est sur l'autoroute du tube. Après "Mesdames", le nouveau LP "Reflets" est un sans-faute au rayon démagogie et même sans les featurings féminins, on ne voit pas comment il pourrait échapper au carton plein. Niveau idées, c'est pas le festival de l'originalité mais l'auteur reste doué et les sujets sont bien traités : choc des générations (La Sagesse), pouvoir de l'imaginaire (Rue La Fayette), et surtout l'écologie avec un 2083  vertigineux et déprimant, malgré sa note d'espoir bisounoursJe préfère Grand Corps Malade en mode quasi boum-bap sur Autoreflet, égotrip sans vanité où il retrace son parcours avec une généreuse lucidité. Cerise sur le gâteau, la Blogothèque nous propose une mise en image de toute beauté. Décidément, on serait d'une mauvaise foi crasse si l'on n'était capable de reconnaître qu'à sa façon, ce garçon a bien laissé une trace dans le paysage musical français.


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