La chanson du 14 novembre : Babx - Bord de Nuit (feat. Edouard Ferlet)

Parmi ses héros, la chanson française compte quelques baroudeurs de l'ombre et ce n'est pas la première fois qu'on les célèbre ici. Cela dit, certains ont particulièrement cultivé l'art de faire briller les autres sans recevoir leur juste quota de lumière. Si les Gainsbourg, les Berger et autres Goldman ont été béatifiés, certains pygmalions n'ont jamais recueilli que quelques miettes du succès de leurs prête-noms. C'est entre autres ce qui s'est passé pour l'excellent Arman Méliès ou son confrère Babx, à qui Julien Doré et Camélia Jordana doivent respectivement beaucoup. On reparle très prochainement du premier de ces messieurs ; intéressons-nous aujourd'hui au second.

Davdi Babin, alias Babx, ne pratique pas son art comme le proverbial enfileur de perles. Ses projets n'ont jamais été guidés par le moindre plan de carrière, et c'est ce qui lui a permis d'aligner quelques bijoux çà – une tournée live en hommage à Nougaro, un recueil de poèmes mis en chanson  et là – un étonnant film musical ou encore, tout récemment, un disque instrumental au piano. Et au milieu de tout ça, surnagent quelques vrais albums de chansons tous aussi recommandables l'un que l'autre. Ce format traditionnel, Babx a promis d'y revenir tout bientôt. Alors en attendant, on se réjouit d'entendre une nouveau petit joyau égaré.

Il fallait vraiment beaucoup d'esprit d'à-propos  ou en l'occurrence, les bonnes lectures  pour se retrouver à écouter le nouvel opus d'Edouard Ferlet, pianiste-jazzman-expérimentateur-nerd à l'univers singulier, captivant mais peu accessible. Cet heureux hasard téléguidé m'a permis de faire la rencontre de ce superbe Bord de Nuit, déclamation luxurieuse au parfum d'érotisme baudelairien. Babx y est parfait en conteur d'ébats et en paysagiste des corps. Le morceau nous fait voyager dans les profondeurs d'une obscénité magnifiée, confiant dans la beauté raffinée de tout ce qu'il a de sale, et c'est en effet un moment suspendu de débauche et d'élégance.


Commentaires

Marc a dit…
Comment ça, peu accessible Edouard Ferlet (bon, j’ai vu Swans hier, ça relativise) ? Blague à part, je me rends compte que j’ai une vision très fausse de Babx, à rattraper donc.
Laurent a dit…
C'est vrai qu'Edouard Ferlet n'est pas tellement inaccessible, mais ici on fait dans le commercial. Ce blog est un peu à "Esprits Critiques" ce que Fun Radio est à La Première ou les Avengers à l'œuvre d'Ingmar Bergman. J'évite d'effrayer le chaland. ^^

Merci encore pour la découverte en tout cas, et si ça peut t'inciter à écouter Babx, alors voici un grand acte de mansuétude. Il y a un morceau de Babx que j'hésite toujours à partager tellement je le trouve incroyable. Oui, c'est un pur acte de possessivité, mais aussi de pudeur. Il s'agit d'une mise en musique du poème de Gaston Miron, "La Marche à l'Amour". Pour moi, c'est suffocant de beauté. Je l'ai mis en lien à "poèmes" mais les gens ne cliquent généralement jamais sur les liens. :-)
Marc a dit…
On ne sait jamais vraiment qui lit des articles musicaux mais je ne pense pas que les assoiffés de musique commerciale constituent le gros du contingent...

Et merci pour le morceau Gaston Miron, c'est en effet magnifique ! Compliqué de mettre en musique des textes aussi forts.
Laurent a dit…
Oui, ce morceau-là est vraiment dans mon top 100 de tous les temps (et ça fait du monde à départager).
Marc a dit…
Définir ce top 100, ça serait pas un super challenge pour 2024 ?
Laurent a dit…
Si je te disais que c'est prévu, en serais-tu surpris ?

Un article par jour, c'est une chouette discipline à tester pendant une année mais à 365, j'arrête. ;-)
Marc a dit…
Non, pas vraiment en fait.

En photo, ça s'appelle un 'projet 365' et je ne connais personne qui l'ait fait deux années de suite...