Corinne Bailey Rae est une artiste dont la pluridisciplinarité m'a longtemps troublé. Au départ, j'avais découvert en elle une chanteuse soul aux tonalités jazzy relativement uptempo, qui me consolait du côté trop feutré exploré à la même époque par Norah Jones. Puis peu à peu, Corinne s'est ouverte à d'autres horizons, embrassant les velléités rhythm'n'blues croisées par exemple chez Lianne La Havas. Il y a une dizaine d'année, elle entérinait ce revirement de manière plus frontale en sortant une collection de reprises où trônait, curiosité totalement WTF, une version décoiffante de la meilleure chanson de Belly. Déjà là, j'avais pas compris mais j'aimais beaucoup.
Absente des radars depuis 2016, la chanteuse britannique signe un comeback toujours aussi surprenant avec "Black Rainbows", album quasi expérimental où sa liberté artistique est totale. Corinne Bailey Rae n'a pas l'intention de se laisser cloisonner dans un genre et se promène allègrement du r'n'b à la house en passant par le punk et la bossanova, sans oublier de mettre régulièrement en avant sa voix chaleureuse. Probable suicide commercial et vraie démonstration d'audace, ce disque s'ouvre sur un morceau fabuleux, dont le tempérament fiévreux m'évoque un peu le David Bowie des années 90. Quelle mouche l'a piquée ? Je ne sais pas, mais il devient de plus en plus difficile de classer la musique en 2023 et ça, ça ne fait sûrement pas le beurre des fabricants d'étiquettes. Les mélomanes, elleux, passent en revanche une bonne année.
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