Après l'autoproclamée « rupture de merde » de Thérapie Taxi, groupe qui avait largement fait le tour de ce qu'il avait à dire, on avait suivi de loin les projets solo respectifs de ses chanteurs Adé et Zaoui. Comme vous le savez sans doute, la première a injecté un peu de country dans sa pop et poursuit une carrière à succès. Le second, lui, semblait vouloir répéter à l'envi la formule d'autrefois... alors qu'il n'y avait plus rien à dire. Résultat : succès nettement plus mitigé pour ces sempiternelles rengaines qui auraient pu sonner comme des tubes, avec des mots vulgaires dedans pour faire provoc' chez les jeunes. Qui sont passés à autre chose, eux.
Sur son premier album "Pulsations", fort heureusement, Zaoui finit par comprendre. Après avoir rabâché à longueur de titres discoïdes que le dancefloor, que le ride, que la baise, que les réseaux, il baisse enfin la garde en fin d'album pour parler sincèrement de cette séparation qui s'est passée sans heurts et sans regrets, mais qui a laissé des traces malgré tout. « Tout a brûlé dans mon rêve immense / Fin du succès / Mon band s'est brisé. » Alors qu'il tente de recoller les morceaux de lui-même, Raphaël – c'est son vrai prénom – casse l'image de son personnage fier à bras et ça soulage. Naît alors un interprète sensible et sans fards qui révèle un autre potentiel.
C'est ce même Dr Jekyll qui s'exprime sur Otage, très joli morceau piano-based où ses talents de mélodiste se mettent au service d'une grâce discrète. « En voulant tourner la page, j'ai effacé quelques lignes. » Quand il parle de mondes possibles, ce sont ceux d'après la fête. On entend ici des fantasmes de gueule de bois où, de la passion dévorante d'hier, subsistent quelques traces de tendresse. « Lentement, on se tient encore en otage. » La déclaration a un côté pathétique – au sens noble du terme – mais elle pourrait aussi s'adresser à son public. Qui sait, Zaoui devrait être en mesure de le reconquérir en persévérant sur la voie de l'authenticité.
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