La chanson du 3 septembre : Amanda Palmer - Last Day of Our Acquaintance

Mine de rien, 2023 est en train de battre des records en tant qu'année des décès inattendus de stars de la chanson. Depuis quelques mois, à chaque fois que j'apprends la mort d'un(e) interprète, la réaction est la même : j'étais pas prêt. « Mon ami veut-il faire un tour dans l'au-delà ? » Non, I don't wanna lose you mais tu pars quand même. Alors lasciatemi cantare, parce que je suis rital et je le reste, et di-doo-dah. Parmi ces disparitions trop nombreuses et impensables pour ne pas parler d'année pourrie, le cas de Sinéad O'Connor reste à part. 

Sur son lieu de travail, l'interprète de Mandinka était considérée comme une pestiférée. Une voix exceptionnelle mais une figure trop instable pour s'assurer les bonnes grâces des ses collègues qui, au portillon bien commode des réseaux sociaux, se sont pourtant bousculé(e)s  pour lui rendre toutes sortes d'hommages. Dans un certain nombre de cas, ces derniers pouvaient donc sembler insincères. On sait toutefois que plusieurs artistes n'ont jamais caché leur admiration et leur soutien pour la chanteuse irlandaise, et c'est pourquoi on fera plus aisément le tri lorsque le tribute sera signé par le compatriote Bono, la fan absolue Fiona Apple ou, en l'occurrence, une Amanda Palmer qui ne manque pas de points communs avec Sinéad.

Voilà une bonne raison de plus pour rester abonné à la newsletter d'Amanda Palmer. La chanteuse américaine, théâtrale, engagée, excessive, a signé plus d'un bijou de son cru mais elle sait aussi offrir de nouveaux écrins aux artistes qu'elle admire, vivants ou non. On n'est pas autrement surpris de la savoir peinée par le décès de Sinéad O'Connor, après l'avoir entendue adresser des hommages sublimes à Dolores O'Riordan ou Leonard Cohen. Mais dans le lot de reprises qui ont été proposées ce dernier mois, sa version d'un titre extrait du second album de Sinéad  celui de la consécration avant la descente aux enfers  est certainement la plus intéressante.       

Comme à chaque fois qu'elle nous distille  de façon très sporadique  ses tracks sur la toile, Amanda Palmer sait s'entourer. En compagnie des Righteous Babes, un groupe de choristes aériennes, et d'un quatuor à cordes mené par le complice de toujours Jherek Bichoff, elle emmène la composition de Sinéad O'Connor dans un éther où d'aucuns pourront l'imaginer la rejoindre. Une immense interprète revisitée par une immense interprète, en tout cas, ça ne peut donner qu'un authentique moment de frisson. Vous me direz si ça vous le fait aussi.


Commentaires