Je ne dirai jamais assez la révérence que j'entretiens à l'égard d'Akhenaton, déité pharaonique du hip-hop hexagonal ; cela étant, je n'ai jamais caché non plus la lassitude éprouvée vis-à-vis de certains de ses choix artistiques. Simplement, au tournant du 21e siècle, AKH s'est mis à composer de la musique, délaissant les samples trop coûteux au profit d'instrumentations de son cru fortement influencées par sa jeunesse new yorkaise. En résulte un penchant toujours réaffirmé pour le funk et la soul des années '70 – lui prononce « soixante-dix » avec l'accent du Sud – et à l'arrivée, du rap plus souvent nostalgique que mordant.
On ne s'étonnera donc pas de voir Chill produire un album entier de soul anglophone pour sa camarade Meryem Saci, déjà aperçue en featuring chez IAM. Pas sûr qu'on y aurait prêté une oreille sans ce parrainage prestigieux, et ç'eût été dommage : Meryem a vraiment une voix en or et quiconque apprécie les sonorités vintage devrait fondre pour cet hommage réussi aux divas d'autrefois. Évidemment, les couplets d'Akhenaton constituent la vraie valeur ajoutée du projet, évoquant comme souvent les errances de la fleur des ans, avec cette poésie « utilisée comme une barre à mine » tandis que « l'ironie de [son] métier [le] renvoie à l'école ». Ni remords ni regrets, on apprend toujours de ses erreurs. Écouter AKH, en tout cas, ne sera jamais du temps perdu.
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