À un moment, on arrête de compter les années. Depuis combien de temps Will Oldham fait-il partie du paysage sonore du quadra lambda ? Peut-être que vous aussi, vous aviez une cassette audio qui prend aujourd'hui la poussière dans le garage, avec un album de Palace Music en face A et, en face B, probablement un Elliott Smith ou un Sebadoh. À l'époque, la devise était particulièrement simple : « less is more ». Cela dit, l'ancrage country très américano-centriste de celui qu'on a ensuite appelé Bonnie 'Prince' Billy l'a toujours laissé à distance raisonnable, et personnellement je ne connais aucun fan hardcore du bonhomme de ce côté de l'Atlantique.
Il faut dire qu'ici, le chapeau de cowboy n'est plus à la mode depuis ce fameux épisode de "Dallas" dans lequel J.R. dit à Sue Ellen : « Lâche cette bouteille de whisky ma pauvre fille, t'es bourrée comme un coing. » Pourtant, quand un nouvel album de ce bon vieux Will nous tombe par hasard entre les mains, on ne passe jamais un moment désagréable. Le théorème se vérifie sur "Keeping Secrets Will Destroy You", recueil de très bonnes compositions qui ne manquent pas d'intensité. Grâce au renfort de Dane Waters, dont la voix magnifique offre un contrepoint idéal à l'organe habité du prince, la chanson du dimanche fait dans la caresse pure. Vous verrez qu'il n'y a pas besoin de porter un Stetson pour se laisser porter : c'est juste très très beau.
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