La première chose qu'on fait après avoir appuyé sur le bouton "play", c'est se pincer. Serait-on victime d'une de ces erreurs de pressage rarissimes dont on a parfois eu vent dans la presse ? Les gens croient acheter le dernier Adele et tombent sur un disque de death metal scandinave : des millions de dollars de dommages et intérêts en soins de santé pour ces personnes sensibles du cœur et hospitalisées en urgence. Sauf que dans le cas présent, après quelques secondes de sidération on entend bel et bien la voix de Birdy sur son nouvel album "Portraits".
Ce qui explique la confusion, c'est que la jeune femme nous a habitués à l'évanescence depuis ses premiers pas discographiques. Alors qu'elle était âgée de quinze ans à peine, ses reprises de pseudo-tubes indé (Bon Iver, Cherry Ghost,...) en piano-voix lui ouvraient la voie du succès. La maturation s'est poursuivie avec des disques relativement dépouillés et lorgnant de plus en plus vers un country-folk qui diluait progressivement les velléités pop. Or sur "Portraits", lesdites velléités font un retour fracassant. Back with a vengeance, so to speak.
Heureusement que la voix, toujours aussi cristalline, reste un repère infaillible ; car à la première écoute de ce nouvel album, on a bien du mal à croire que c'est la même artiste qui est aux commandes. Et pourtant si : désormais, Jasmin van den Bogaerde – si si, elle est Anglaise – a viré sa cuti et est dingue de synth-pop eighties. Passé le moment d'hyperventilation, on se rend rapidement compte que le cocktail est assez efficace, vu que la chanteuse s'aventure plus régulièrement du côté de Kate Bush (Raincatchers) que de Yazoo (Paradise Calling).
Elle reste aussi capable d'écrire des chansons qui laissent la beauté primer sur l'attitude, comme ces deux Ruins qui donnent envie de faire de l'aérobic en admirant les étoiles filantes. Ruins II nous cueille d'autant plus sûrement avec sa lente montée en puissance et ses harmonies célestes. Si Véronique et Davina pouvaient entendre ça, elles se regarderaient avec fierté en disant : « Mission accomplie. Allons prendre une douche, on l'a bien mérité. »
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