Vous allez me dire qu'il est un peu tard pour vous faire éventuellement découvrir ceci, mais c'est surtout l'histoire d'une obsession. Toujours pas remis de mon premier visionnage d'"Oppenheimer", qui s'inscrit à mon humble avis parmi les authentiques chefs-d'œuvre de la filmographie de Christopher Nolan, je ne parviens pas à me sortir de la tête l'incroyable bande-son que lui a concoctée le compositeur suédois Ludwig Göransson.
Au début du film, le personnage de Niels Bohr – physicien danois interprété par le maître ès-accents Kenneth Branagh – explique à Oppenheimer la différence entre ceux qui sont capables de lire la musique, et ceux qui sont capables de l'entendre. Or justement, ce qui fait le génie d'Oppenheimer est qu'il n'est pas seulement de ceux qui peuvent comprendre le fonctionnement de la matière : il le voit. C'est ainsi qu'avec d'ingénieux inserts, Nolan nous offre d'explorer la pensée hors normes du scientifique américain, apte à entendre la musique de l'univers.
La partition de Göransson nous permet de partager le sentiment vertigineux de ces visions. Comme me l'explique mon fils – qui comprend bien mieux la musique que moi – le morceau change sans cesse de pulsation et c'est ce qui lui donne son côté stupéfiant. J'écoute très rarement des musiques de film indépendamment des images, mais celle-ci possède un pouvoir de suggestion si extraordinaire que vous n'avez plus qu'à fermer les yeux.
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