Il y a encore très peu de temps, j'étais persuadé que Julie Byrne était la fille de David Byrne, le chanteur des Talking Heads. Mais en fait, non. Ça n'est pas très important mais ça aurait constitué une explication tangible au talent hors normes de cette chanteuse dont le troisième album, "The Greater Wings", est un petit bijou de plus dans sa discographie jusqu'ici exemplaire. Et qui n'a franchement aucun rapport avec la musique de David Byrne. Ça tombe bien, ce n'est même pas son père.
L'art de Julie est celui de la fugue, pratiquée dans des ballades acoustiques qui fondent si lentement dans la bouche qu'on a besoin d'écoutes répétées, encore et encore, pour en saisir toute les perspectives. Ses chansons prennent d'ailleurs une ampleur supplémentaire sur "The Greater Wings", disque qui prône l'évanescence sans jamais sacrifier la substance. À l'origine de ce souci d'élévation, il y a le décès de son producteur et ami de toujours Eric Littmann, parti durant l'enregistrement ; le résultat, quand bien même la plupart des titres étaient écrits avant cet événement tragique, est un album de deuil à l'atmosphère plus aérienne que jamais.
Le moment le plus bouleversant intervient en bout de course, lorsque Julie chante la seule chanson écrite après la disparition de son binôme. Death Is the Diamond, superbe élégie composée au piano, nous fait partager le manque ressenti par l'artiste. « Does my voice echo forward ? » demande-t-elle avant de retrouver le plancher, puisqu'il faut continuer malgré tout. Que Littmann entende ou pas cette complainte depuis là où il est, une chose demeure certaine : pour nous en tout cas, la voix de Julie Byrne résonne vraiment fort.
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