La seule chose qui soit cyclique dans le revival soul, c'est l'engouement. Il y a toujours eu des puristes talentueux pour voir perdurer la tradition et entretenir la pérennité du son Stax, sa chaleur typiquement southern, sa langueur désolée. Nombreux sont ceux qui passent sous les radars mais font quotidiennement le bonheur de quelques clubs enfumés. En revanche, plus rares sont les périodes où l'un(e) de ces gardien(ne)s du temple se fait plus ouvertement remarquer. Si Amy Winehouse incarnait clairement le côté Motown, soit une soul plutôt teintée de pop, l'art de pleurer sa dévotion à l'ancienne a récemment été bien représentée par Gregory Porter ou le regretté Charles Bradley, deux porte-flambeaux qui ont réussi à émerger de l'iceberg.
Les Gabriels sont sans doute appelés à les rejoindre et à trôner parmi les champions du genre, renouvelé ou pas. Une belle rumeur accompagne l'envolée de ce trio formé autour de Jacob Lusk, finaliste malheureux d'un talent show américain. Elle est légitime : leur album "Angels & Queens" contient plus de pépites que le tamis d'un chercheur d'or au pays d'Eldorado. Fidèle à un héritage classique qui a également intégré les codes du doo-wop, la musique des Gabriels fait du bien où elle passe. Sans esbroufe mais à coups de performances vocales en béton armé, le trio titille les émotions les plus évidentes et les plus essentielles. C'est doux, c'est neuf ? Du neuf avec de l'ancien chouchou, mais tu sais bien dans quoi on fait les meilleures soupes.
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