La chanson du 8 juin : Ben Harper - Trying Not to Fall in Love with You

Ben Harper, c'est cinq albums de pur bonheur musical auxquels ont succédé vingt années de vaches maigres. Je n'ai jamais bien compris comment avait pu se produire une panne de génie aussi radicale, mais il faut se rendre à l'évidence : "Diamonds on the Inside" est le dernier disque vraiment remarquable du bluesman, qui a enquillé depuis une douzaine de galettes toutes aussi anecdotiques les unes que les autres, et où surnage très occasionnellement l'un ou l'autre titre mieux écrit. J'imagine que cette expérience est comparable à ce qu'ont dû vivre, en leur temps, les fans de Cat Stevens, à qui le dernier recueil de Ben Harper fait souvent penser.  

Il faut en effet davantage parler de « recueil » que d'album. "Wide Open Light" est une collection de chansons un peu décousue, mais réunies par une même intention minimaliste : le « less is more » proverbial nous offre ici douze titres totalement dépouillés. Et si le résultat global est inférieur à la somme de ses parties, la bonne nouvelle du jour est que beaucoup des chansons de "Wide Open Light" sont vraiment superbes. Certes, un parfum d'inachevé plane sur cette sortie discrète ; peut-être est-ce là justement ce qui rend le cru Harper 2023 si attachant. Pas de requins de studio pour nous infliger quelque arrangement mollasson ou solo ronflant. Juste un artiste qu'on sait capable de nous bouleverser avec un simple guitare-voix.  

Et pourtant, c'est en s'éloignant légèrement de la formule qu'il crée les meilleurs moments. Deux en particulier, que je ne parviens pas à départager. Sur la somptueuse plage titulaire, Ben est rejoint par son ami de longue date, le très sous-coté Piers Faccini. L'Anglo-Italien joue de l'oud et pousse quelques chœurs, une façon tout en finesse de relever un morceau déjà impeccable. Quant à Trying Not to Fall in Love with You, elle voit Ben Harper troquer sa traditionnelle six-cordes contre un piano bastringue, pour une ballade un peu bancale qui rappelle à la fois Tom Waits et Benjamin Clementine. Entre les deux mon cœur balance mais quoi qu'il en soit, si l'on considère la masse de disques médiocres publiés par Ben Harper depuis 2003, je crois bien avoir trouvé mon préféré.




Et vous, au fond... vous préférez laquelle ? Allons, allons, ne faites pas comme si vous ne saviez pas. On peut essayer de ne pas tomber en amour, mais quand ces choses-là nous tombent dessus on n'est jamais aux commandes. À peine peut-on faire semblant de ne rien éprouver, mais ne vous sentez pas obligé(e) de feindre l'indifférence. Si une chanson vous a fait de l'effet, criez-le sur tous les toits, et commencez par m'aider à trancher. Promis, c'est sans engagement.

Commentaires

Bouch'Art a dit…
Wide open light, pour la touche italienne.Et parce que c'est beau. Grazie