Erin Birgy appartient à cette race de musiciennes qu'on adore même si elles nous font un peu peur. J'ai toujours été enclin à les appeler les « prêtresses païennes », car il y a dans leur art une sorte d'intensité incantatoire proche du maraboutage et d'autres formes de spiritualité animiste. On peut penser, dans ce registre, aux éructations lupines d'une Anna von Hausswolff ou aux hymnes chamaniques de Zola Jesus. Mega Bog, le pseudonyme sous lequel Birgy dispense ses chansons-prières, est clairement dans le même genre de délire.
Son dernier album "End of Everything" ne manque pas de qualités mais il faut reconnaître tout de même qu'elle ne s'encombre pas du même souci d'accessibilité que ses coreligionnaires. Malgré une tonalité rock gothique qui la rapproche par moment du modèle Siouxsie Sioux, Mega Bog noie parfois l'intérêt sous un déluge de synthétiseurs qui génèrent un certain sentiment d'inertie. Mais quand, sur All and Everything, elle lâche enfin les chiens, la transe devient inéluctable. On en arriverait presque à croire qu'elle invoque réellement les éléments et que c'est à elle qu'il faudrait s'adresser pour sauver cette planète moribonde. Pour tout le reste, il y a Mastercard.
Ah oui : comme Erin, en bonne communiante avec la nature, n'est pas particulièrement frileuse dans le clip, ce dernier est bien entendu censuré. Pour les âmes sensibles et puritaines, voici donc une version avec juste le son.
Commentaires
La putain rit des puritains et c'est très bien ainsi.