Chaque fois c'est le même cirque : j'essaye en vain de résister, mais la francophonie est décidément un vivier inépuisable de talents pour les chanteuses évanescentes, comme il l'a été il y a trente ans pour celles qu'on disait « à voix » (sombre époque, plus jamais ça). Sur le site d'Esprits Critiques, Marc se livrait d'ailleurs encore récemment au même constat. Bref, c'est un fait : Coline Rio est une artiste de plus dans une catégorie qui croule sous les poids lourds. Cette possible sensation de la voir noyée dans une masse où évoluent des femmes aussi douées que Clou, Janie ou Barbara Pravi – la partie émergée de l'iceberg – ne doit pas nous empêcher de passer à côté d'une carrière prometteuse et d'un premier album totalement réussi.
"Ce Qu'il Restera de Nous" est un recueil de vignettes mélodiquement imparables, parfaitement arrangées et délicatement interprétées. Même si la poésie des textes reste parfois un peu plan-plan (Homme, pas la plus subtile des chansons féministes), Coline fait mouche la plupart du temps et ses chansons s'ancrent lentement mais sûrement. La comparaison semble évidente avec Santa, chanteuse des anglophiles Hyphen Hyphen envolée pour un projet solo décharné et au cap « émotion toute ». Et pour cause : Coline Rio est – ou était – la chanteuse des sympatoches Inuït, découverts lors du regretté BSF. En solitaire, la trajectoire a ici aussi dévié pour passer de la corde raide à la corde sensible. Avis d'un émotif anonyme : on a vraiment gagné au change.
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