À ranger depuis toujours dans la catégorie des discrets impeccables, Keaton Henson a sorti son dernier album sur la pointe des pieds. Comme d'hab. Rien à jeter chez ce folkeux britannique qui sonne de plus en plus américain et s'est constitué un joli catalogue de ballades poignantes. À l'instar de ses confrères Ray LaMontagne ou Justin Vernon, Keaton arbore une belle barbe de bûcheron sensible. C'est que lui aussi est du genre à vous mettre les poils sans la ramener, ce qui en fait un mec d'autant plus précieux.
Sur le récent "House Party", l'émotion n'est peut-être plus aussi intense que par le passé, mais ça reste de l'orfèvrerie parfaitement ouvragée. Chez les Henson, on réchauffe les cœurs à l'ancienne, comme une bonne chaudière à pellets. Bref, l'artiste mérite définitivement sa gommette verte sur le tableau du mois. Two Bad Teeth est un vrai slow taillé pour les ouvertures de bal de mariage, un hymne pour âmes sœurs cabossées qui joignent leurs solitudes. Avec un parfum de happy everafter amer, on chante ici l'amour comme celui qui ne croit plus au bonheur : « Where have you been all my ragged life, darling ? And are you really not going to leave ? » La seule chose dont on peut être sûr, c'est que les chansons de Keaton Henson, elles, sont faites pour rester.
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