À l'heure où certains médias nous abreuvent régulièrement de non-événements, ce nouveau paradigme dans le storytelling journalistique qui nous détourne quotidiennement des choses essentielles, je tiens à peser mes mots. Etienne Daho sort un nouvel album et oui, c'est bel et bien un événement. D'abord parce que ça n'arrive pas tous les jours – "Blitz" date de 2017 – et puis pour une raison surtout : "Tirer la Nuit sur les Étoiles" est, pesons encore une fois nos mots, un petit chef-d'œuvre. Trop tôt pour le dire ? Peut-être, mais quelques écoutes du cru Daho 2023 m'ont convaincu que je n'étais pas en train de m'envoyer de la piquette, alors que je n'ai jamais suivi aucun stage en œnologie (il paraît qu'il faut faire des TFE sur le Bordeaux et j'ai pas le temps).
Ce disque frôle la perfection et renoue avec les sommets atteints par "Eden" ou "Corps et Armes", pics de suavité que les successeurs "Réévolution" et "L'invitation" n'avaient plus réussi à tutoyer. Depuis, la discographie de Daho a taillé d'autres bijoux mais le dernier en date brille avec un éclat plus remarquable, fût-il nocturne et subtil. Le sens mélodique est constant, Etienne le tient bien (demandez à Guesch Patti). Et sur Les Derniers Jours de Pluies, morceau le plus personnel de l'album, l'évidence tient aussi à la simplicité. Quand il s'agit de chanter l'amour et le désir, Daho est un des archanges du game ; il l'a prouvé maintes fois dans le passé. Suite officieuse à l'indépassable Ouverture, la chanson du jour prévient de l'imminence d'une collision sentimentale : « Il ne nous reste que quelques mètres avant que ne se touchent nos âmes. » Et la pluie de cesser enfin.
Commentaires