La chanson du 24 avril : Lael Neale - Return to Me Now

Quelque part, la low fidelity a tout d'une valeur refuge. Sinon qu'est-ce qui pourrait pousser, à l'heure où les logiciels de mixage sont à deux doigts d'être greffés à même l'implant cutané, certains artistes réfractaires à se complaire dans l'analogique et le son poisseux ? Lael Neale fait partie de ce village d'irréductibles qui accueillent le grésillement comme un langage sonore et restent allergique à la moindre mention de l'effet « hiss reduction » qui permet de supprimer le bruit de souffle dans n'importe quel enregistrement. C'est qu'en produisant ses disques à la mode d'autrefois, c'est aussi à nous qu'elle propose une forme d'exotisme rassurant.

Sur son récent single I Am the River, Lael ravive la flamme d'un certain surf rock sautillant tel que le pratiquent encore aujourd'hui des groupes comme Best Coast ou The Drums. Mieux encore, sur son troisième album  le fort réussi "Star Eaters Delight"  la chanteuse fait également montre d'une sensualité rétro qui va des Dum Dum Girls au premier Velvet Underground. Elle ne nous avait habitué(e)s à aucune de ces deux tendances avec "Acquainted by Night", précédent LP franchement plan-plan ; en d'autres termes, elle a beaucoup progressé durant le trimestre et si elle continue à travailler dur, on peut s'attendre à un beau bulletin. 



La chanson du jour nous emmène donc dans la vibe plus apaisée de Lael Neale et si vous me permettez un dernier hoquet de name-dropping, on est assez proche de ce que propose généralement la première de classe Angel Olsen. C'est vous dire si j'aime bien. Le côté lancinant est rehaussé par une seconde ligne mélodique qui donnerait presque envie de manger des fleurs, et tout ça bien sûr avec un bon fond de sibilation qui n'a rien à voir avec vos écouteurs. Non, c'est juste pour sonner vieux, freiner la course à l'échalote post-moderniste et vous offrir un bon cocon de nostalgie qui fait oublier  fût-ce 4 minutes  que le temps passe décidément trop vite.


Commentaires

Marc a dit…
Etonnant, on dirait une démo perdue d’Au Revoir Simone. Tout le monde s’accorde à dire que c’était moins bien avant dans son cas, c’est assez rare pour être signalé.
Laurent a dit…
Bon sang, mais c'est bien sûr... Double merci ! Au Revoir Simone était la référence que je cherchais sans parvenir à la retrouver ! Et oui, je ne conseille pas forcément grand-chose dans ce qui a précédé.