La chanson du 21 avril : Lo Bailly - Coléoptères

J'aimerais trouver les mots justes pour arriver à parler de "Prosaïque", le premier album de Lo Bailly. Mais comme disait à peu de choses près mon gars sûr JP, « l'homme qui parle est au-delà des mots », quand le poète se met quant à lui à leur service. Lo ne fait pas de la prose, ce n'est pas le genre de garçon qui puise dans un lexique comme on plongerait la main dans une boîte à outils. Ses textes sont des esquisses impressionnistes, au même titre que ses mélodies ont le minimalisme chevillé aux notes comme par pudeur. Tout le reste est littérature, « et palabres, et palabres encore » puisqu'après tout c'est ce que l'on vaut, ou peut-être juste ce que l'on veut. 



Si "Prosaïque" est un disque d'errance, son ancrage bruxellois reste fort, et ce malgré quelques détours par les quais de Seine ou les rives du Tarim. Errer n'est pas divaguer. Quand Lo dit vague, c'est pas pour ne rien dire, c'est pour dire autrement. Coléoptères est un morceau de lendemain de veille, un slam qui se traverse comme une rêverie éveillée, la bande-son d'un esprit en flottaison qui vit son spleen par intermittences et son idéal comme une technique d'autodéfense. Peut-être le morceau perdra-t-il un rien de sa substance une fois sorti de son contexte, et la mélancolie de Lo Bailly sera-t-elle jugée trop cryptique dès lors qu'on la goûte fragmentée. Mais si vous savez apprécier le talent d'autant plus qu'il est indéfinissable, les chansons sobres et brumeuses de cet artiste belge pourraient bien vous envoûter. Et puis merde, c'est vrai qu'elles sont bonnes les frites à Stockel. 


Commentaires

Marc a dit…
On est encore synchros sur ce coup-ci, je viens de recevoir un lien de l'album. J'avoue que je suis vraiment intrigué, c'est différent sans être WTF.
Laurent a dit…
Un excellent EP sorti il y a deux ans (il gommait encore le nom de famille à l'époque) constituait par ailleurs une excellente entrée en matière. Je le recommande chaudement.