Pour nourrir le concept archi-éculé du « disque de la maturité », rien de tel que l'arrivée d'un enfant. C'est ce qui est arrivé récemment à Nate Feuerstein comme à beaucoup d'autres avant lui, et puisque le rappeur du Michigan n'est pas le dernier pour nous partager ses états d'âme – une habitude chez les rappeurs du Michigan – on a droit aux détails. Mauvais esprit mis à part, j'aime depuis longtemps ce que fait NF même si j'ai d'abord été quelque peu dérouté par l'assagissement annoncé et son corollaire : une bifurcation de plus en plus marquée du côté de la pop américaine, notamment sur le tout frais Happy (brillamment clippé comme à chaque fois).
Musicalement, c'est un rien limite à mon goût, mais je ne peux m'empêcher d'être touché quand j'entends, d'une part, le phrasé si particulier de NF et sa manière de versifier ses textes en créant des césures cliffhanger qui font la part belle aux enjambements, et d'autre part ce questionnement auquel n'importe qui peut s'identifier : « The truth is I need help, but I can't imagine who I'd be if I was happy. » En matière de thérapie publique, ça se pose là. Le clip renforce l'idée, qui sous-tend l'album, d'une parentalité envisagée par NF comme l'occasion de repenser son enfance, accorder le pardon à feu sa mère et finalement avancer, sans reproduire les erreurs du passé.
C'est le sujet de la chanson du jour, qui introduit le disque sans même se soucier d'être méta (« Nate, you've had a great run but it's time to give the people somethin' different ») et revient sur trente ans à vouloir combler un manque affectif, trente années d'errance que la paternité semble avoir cachetées. « I'm taking the reins » conclut un NF qui veut se prendre en charge. La suite de l'album est empreinte de cet espoir qui éclaire sa musique, dont la noirceur m'avait tant séduit, d'une lumière inédite. Content pour toi, mon grand. On en reparle le 8 octobre à Forest National si tu veux, j'ai loupé la liste de naissance sur Dreambaby.
Commentaires
Je clippe, tu clippes, il clippe...
"Le clip c'est ça n'est-ce pas" Raymond Devos