La chanson du 10 avril : Nakhane - Hold Me Down

Les artistes qui prennent leur seul prénom comme alias artistique sont légion, mais ici il faut reconnaître que c'était une décision particulièrement sage. Notre chanteur du jour s'appelle Nakhane Mahlakahlaka et je jure solennellement que je ne réécrirai pas son patronyme dans cet article. On l'a connu un temps sous le nom de Nakhane Touré, quand ce Sud-Africain s'accaparait l'héritage musical d'Afrique de l'Ouest et revendiquait l'influence du folk-rock européen, tendance mystique. L'époque portait encore pour lui les stigmates d'une éducation ultrareligieuse et des thérapies de conversion qui voulaient (s)exorciser sa véritable orientation.

Puis est venue la mutation. L'âge de l'épanouissement : enfin lui-même, Nakhane a embrassé la culture des clubs, assumant son côté queer et son goût pour l'électronique lascive et funky. Le résultat : d'abord une prestation remarquée dans le film "The Wound", puis le superbe "You Will Not Die", mon album préféré de 2018. Bref, une carrière qui décolle dans un bel élan de liberté, même s'il faut noter que sur YouTube, deux hommes qui s'embrassent dans un clip est encore manifestement considéré comme un « contenu inapproprié ». 

L'année passée, Nakhane persiste et signe avec des titres bien sentis et des collaborations trois étoiles : Perfume Genius, Moonchild Sanelly ou encore Nile Rodgers à la production, le retour s'annonce fort. Tout cela se confirme sur le brillant "Bastard Jargon", merveille de militantisme hédoniste qui enchaîne les tubes imparables comme un DJ dans une soirée bunga-bunga. Et comme aujourd'hui on prolonge le week-end, ne brusquons pas notre lectorat. La chanson du lundi de Pâques, tel un reste de figurine en chocolat, se savoure tout en délicatesse. Et s'écoute préférablement au casque, pour goûter aux subtilités d'un mixage qui croise la guitare de Chic, la basse de Raphael Saadiq et même la voix de Massive Attack. Trois étoiles, vous dis-je.


Commentaires

Marc a dit…
Prendre son prénom comme pseudo est évidemment payant, il n’y a qu’à demander à Kele Okereke. Une fois qu’on voit que Perfume Genius est dans les environs, on se dit que c’en est le pote moins propre-sur-lui.