The Veils, c'est le plus grand des petits groupes. Pour des raisons qui s'expliquent et sur lesquelles il n'y a pas lieu de revenir, ils n'ont jamais décroché la timbale ; mais le très confortable succès d'estime dont ils jouissent depuis désormais vingt ans leur permet de donner régulièrement de leurs nouvelles, y compris lors de concerts aux antipodes... c'est-à-dire par chez nous puisqu'à l'origine, ils viennent du pays des Hobbits. Ainsi, dans leur catégorie poids plume – tant en termes de ventes d'albums que de public drainé dans les salles – les Veils sont en fait des champions. Leur musicographie a connu peu de disques moyens, et même leurs disques moyens sont meilleurs qu'un best of de Coldplay.
Après l'escapade solo du chanteur et grand démiurge Finn Andrews, dont la relative médiocrité aurait pu constituer l'exception à la règle – sauf qu'une escapade solo ça compte pas – on s'attendait à être déçu par le comeback en collectif, quand bien même ledit comeback était inespéré. Eh bien pardon d'avoir douté, mes mignons. "And Out of the Void Came Love" est un grand album, et pas seulement parce qu'il comprend quinze titres. Tout est bon dans ce cocon, et quiconque aura la bonne idée de s'y blottir pourra constater l'incroyable richesse de ce que le groupe a encore à offrir. On peut ranger cette nouvelle livraison aux côtés des meilleures du passé, au niveau de "Total Depravity" sûrement et pas loin de celui de "Nux Vomica".
Oui, il y a du tube dans le plus pur esprit Veils (No Limit of Stars), des moments suspendus (The World of Invisible Things, Diamonds and Coal), et évidemment de la ballade chatoyante (la sublime Time qui ouvre l'album en état de grâce). Mais ce n'est pas tout... "And Out of the Void Came Love" se révèle particulièrement varié quand surgissent, par exemple, des ambiances de western à la Morricone (Made from Love with Far to Go) ou un pastiche de Leonard Cohen qui vous saisit à la gorge (The Pearl part II, suite d'un morceau de 2013). On a même droit à un tango qu'on rêve déjà de danser une rose entre les dents (fantastique The Day I Meet My Murderer).
Ajoutez, pour compléter la recette, les indispensables moments plus énervés dans lesquels les harangues de Finn Andrews font toujours mouche. Comme on est lundi, c'est là-dessus qu'on se laisse parce qu'on a tous besoin d'une bonne dose d'énergie pour entamer la semaine, surtout quand on revient de vacances. Si c'est ton cas, grâce à Bullfighter tu pourras appuyer sur le bouton « snooze » une fois de plus et sauter le petit dej'. Plus besoin de ton bol de Frosties : pas de doute, le tigre est déjà en toi.
Commentaires
Une semaine et plein d'écoutes plus tard, quel album !