Un mot d'abord sur l'écurie Griselda ; cette maison de disques indépendante est au hip-hop d'aujourd'hui ce que 4AD a pu représenter pour les amateurs de rock alternatif dans les nineties. Étant donné que la maison sort des albums comme on distribuerait des prospectus sur la Rue Neuve, nul doute qu'on sera amené à en reparler prochainement, d'autant plus qu'elle héberge bon nombre de talents sûrs. Trêve de salamalecs donc, et évoquons d'emblée une des signatures les plus solides du label : Boldy James.
Amené à vivre une carrière tardive (il a quand même quarante balais), le rappeur de Detroit publie son dixième disques en trois ans. Oui, vous avez bien lu, ce type vit à deux cents à l'heure. Mmmmh... mauvais jeu de mots : le pauvre a passé le mois de janvier sur un lit d'hôpital après un accident de voiture qui lui a laissé le dos en compote. Mais rassurez-vous, il va déjà beaucoup mieux et pourra, si le cœur lui en dit, décéder prochainement dans une fusillade comme tout rappeur américain qui se respecte.
Le secret de sa productivité ? Faire appel à un beatmaker différent pour chaque projet. Sur "Indiana Jones", c'est le producteur RichGains qui est aux manettes et, comme toujours chez les gens de Griselda, on est sur du bon son vintage. Quarantaine oblige, Boldy James ne cherche pas le hit racoleur mais fait les choses à l'ancienne. Avec, cette fois-ci, un disque délicieusement glauque et très East Coast. Le rockeur Jonathan Chapman vient prêter main forte et médiator sur quelques titres et ce sont les meilleurs. Par exemple Electric Blue, avec son riff spectral et son refrain qui est un voyage à lui tout seul. Comme la qualité ne faiblit jamais, vivement le prochain album... probablement dans trois ou quatre mois.
Commentaires
Un jour (quand j'aurai le temps) je ferai sûrement une compile de titres hip-hop suffisamment crossover pour plaire aux fans de rock. Il y en a quelques-uns...