Qu'est-ce qui crée cette identité si particulière partagée par les chanteuses québécoises francophones d'obédience pop-rock ? Il y a un truc, et ne me répondez pas « l'accent ». Non, certains autres ingrédients se retrouvent tant chez Marie-Pierre Arthur que Salomé Leclerc : des ingrédients que je ne parviens pas à identifier mais qui me font voyager, des textures aériennes, des arpèges de basses discrets, des effets d'écho dans la voix. À croire qu'elles enregistrent toutes dans le même studio de Montréal et qu'il est hanté par les mêmes spectres comme à Hogwarts (mais les Québécois disent Poudlard).
Vous l'aurez compris, la chanteuse du jour nous propose, sur son premier album "Morphologies", une recette assez comparable... si ce n'est qu'à l'instar d'une candidate à Top Chef, elle y intègre davantage d'éléments expérimentaux. Genre sublimer le rouget avec du pamplemousse et un trait de chocolat amer. Qui a fait ce plat ? Félicitations, il fallait y penser. Pareil quand Anna Valsk fait monter la sauce en mélangeant arrangements néo-classiques et zestes d'électronique, un peu à la manière d'un Philippe Etchebest... pardon, d'un Nils Frahm.
C'est ce qui se passe sur le somptueux On Tient le Monde à Bout de Bras, encore un morceau sur l'amour en temps d'apocalypse, ou Jamais, ballade typiquement canadienne avec son ambiance de feu de camp qui vire comédie musicale. Du reste, l'auditeur n'est jamais autant récompensé que quand le format pop est plus ou moins respecté, par exemple avec Humain et sa belle flambée (au Grand Marnier). Grâce entre autres à ses textes symbolistes et à son chant enivrant façon sirène de lac gelé, Anna Valsk se révèle être une fascinatrice hors pair, à ajouter d'urgence sur la liste des artistes à la fois exotiques et familières.
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