La chanson du 26 mars : Lana Del Rey - Candy Necklace (feat. Jon Batiste)

C'est officiel : Lana Del Rey peut définitivement entrer dans la catégorie des artistes prolifiques. Dix galettes en onze ans, je dis « bien ouej », d'autant qu'on est régulièrement sur du plein à ras-bord. "Did You Know That There's a Tunnel Under Ocean Blvd" n'est pas qu'un titre interminable, c'est aussi 78 minutes de musique. Plus long qu'un film de Winnie l'Ourson, carrément. Est-ce qu'on s'ennuie pour autant à l'écoute de ces seize nouvelles chansons ? Pas plus que devant les facéties de Coco Lapin et Porcinet. La comparaison avec les personnages en peluche s'arrête là : Lana ne fait pas dans le tendre et le mignon, mais dans le sensuel et le vénéneux. Cela dit, comparé à ses prédécesseurs, "Ocean Blvd" est un disque particulièrement molletonné. 

Comme elle a eu le temps de perfectionner son art, on sait au moins depuis "Norman Fuckin' Rockwell" qu'on ne peut pas, ou plus, être déçu par un album de Lana Del Rey. Les incursions hip hop sont distillées avec maestria (A & W), la beauté reste précieuse et inquiétante (The Grants), avec cette ambiance néo-noir encore prégnante. Mais la domination du piano et des voltiges vocales toujours plus audacieuses renforcent l'impression d'un faux apaisement. Car si la forme est caressante, le fond n'en est pas moins sombre. Ça touche au sublime sur Candy Necklace, où Lana chante ses pulsions suicidaires en excellente compagnie. 

Vu l'ancrage très vintage de sa soul, Jon Batiste était un candidat évident pour une apparition chez la New Yorkaise, même si j'imaginais quelque chose de plus solaire dans la lignée de ses tubesÀ l'instar des nombreux autres invités présents sur l'album, Batiste reste relativement en retrait sur Candy Necklace (même s'il a ensuite droit à son propre interlude). Le résultat est un morceau totalement hanté, pas loin de ce que peut proposer Benjamin Clementine. Une ballade sur la corde raide, entre rire nerveux et gravitas, avant que ladite corde ne serve de jeu d'enfant ou d'instrument de pendaison, selon l'humeur d'une Lana Del Rey tour à tour mutine, mystique, et follement iconique. Comme dirait mon BFF Tigrou : youhou-hou-hou.    


Commentaires

Marc a dit…

C’était pas gagné il y a dix ans de la voir dans la position d’une artiste aussi unique. Sur ce morceau, elle chante un peu comme une Jennifer Charles qui aurait décidé d’arrêter de chuchoter. Bon, je sens que je vais passer plein de temps avec cet album avant de faire un article bien trop long. J’avoue que je ne connaissais pas du tout Jon Batiste et que c’est une vraie bonne idée d’être allé le chercher.
Laurent a dit…
Une évidence, disais-je. Il y a évidemment de quoi faire avec ce disque, sachant que chaque écoute nécessite à la base d'avoir un peu de temps devant soi. Sinon je dois dire que j'ai longuement hésité avec un autre titre de l'album : le duo avec Father John Misty, qui est de facture plus classique et moins piano-driven, mais quelle dinguerie.