À la base, le r'n'b et moi, ce n'était pas une grande histoire d'amour. Il faut dire que sorti de Lauryn Hill ou Kelis, ce qui se pratiquait dans ce style à la fin du 20e siècle et même peu après le bug de l'an 2000 n'était pas franchement réjouissant : mièvre, sexiste, globalement formaté pour ne pas dire racoleur, le genre était une caricature de lui-même avant même de commencer son acné. Puis, c'est tout un pan de la musique afro-américaine qui s'est mise à flirter avec la musique électro – européenne entre autres – et la donne a changé. Les productions ont généralisé le crossover, les artistes intéressant(e)s se sont multiplié(e)s et le r'n'b a enfin, de mon humble point de vue, acquis ses lettres de noblesse.
C'est dans ce contexte que, il y a quinze ans, débarque une jeune fille du Kansas qui me tape instantanément dans l'oreille. Sa musique est folle, sa musique sonne (sonne, sonne, sonne) : Janelle Monáe prend des vieilles casseroles (mais non, pas Jean-Jacques Goldman) et y fait mariner un incroyable bouillon de culture. R'n'b, funk, soul et rap se voient assaisonner d'électro, de rock et même de musique classique, sur un premier EP dingue puis trois albums imparables. Performeuse de génie, Janelle donne un concert à l'Orangerie du Botanique qui reste un des plus marquants de ma vie. Bref, cette meuf a le swing.
Depuis, vous n'avez pas pu la rater au cinéma, comme encore tout récemment dans le film "Glass Onion". Problème : avec sa carrière d'actrice à succès, on a moins régulièrement l'occasion de l'entendre chanter. C'est vous dire si la sortie surprise de Float ce week-end m'a mis en joie. Pour la circonstance, l'Américaine s'est associée au Nigérian Seun Kuti, qui n'est autre que le fils de l'incontournable Fela connu pour être le père de l'afrobeat. Ce qui voudrait dire que l'afrobeat est son-demi-frère ? J'avoue que même pour moi c'est confus.
Oublions donc ces considérations généalogiques et retrouvons Janelle Monáe dans un mix hyper dansant d'influences tous azimuts. Son timbre charnel s'adapte aux changements rythmiques tandis qu'elle passe indifféremment du chant au rap, et la touche de cuivre ne fait qu'amplifier la chaleur qui se dégage de ce titre plus sexy qu'un baba au rhum dans une vitrine de pâtissier. Float en effet, tant le groove à l'œuvre ici nous invite irrémédiablement à l'apesanteur.
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