Ça fait un moment qu'on n'avait plus de nouvelles d'Anthony Gonzalez. Insaisissable et évanescent, le Français a su m'émouvoir de manière très sporadique au cours des vingt ans qui ont fait notre relation. La seule chose que je lui ai longtemps reprochée, c'est de n'avoir jamais sorti un grand disque. "Hurry Up, Were Dreaming" n'était pas passé loin en 2011 mais vu que c'est un double album, il y avait forcément du gras. Et là, on retrouve M83 qui annonce "Fantasy" pour le 17 mars en cédant à ce nouveau format promotionnel que je ne m'expliquerai jamais : la sortie saucissonnée.
Voilà donc comment, il y a quelques jours, on a eu droit à "Fantasy chapter one" ; soit les six premiers titres de l'album, comme ça, en attendant. Curieuse méthode, déjà adoptée par d'autres artistes qui ont su faire monter la tension (Beach House par exemple) tandis que M83, pour le coup, ne m'a pas convaincu qu'il tenait enfin son chef-d'œuvre. Oui mais quoi, ici ? On écoute ça comme un EP récréatif, ce qui est regrettable si on se dit qu'il y a quand même un peu de boulot derrière. Alors que tu nous aurais balancé Us and the Rest comme single après le sympathique Oceans Niagara entendu le mois passé, on aurait été en chien mon pote.
Parce qu'elle est bien, la chanson du jour. On y retrouve tous les ingrédients d'une ballade de M83 : le clavier mixé comme sur un vieux slow rital, la montée graduelle des nappes un peu kitsch, les chœurs ectoplasmiques, la batterie en apesanteur, l'explosion sublime à la Sigur Rós qui serait tombé dans un tonneau de spray à cheveux Sun In. Donc, pour tout le monde : on ne montre pas Anthony du doigt si d'aventure le reste de l'album devait ne pas être au niveau. Contentons-nous de ce qu'on a sous la main : 5 minutes 30 d'extase nostalgique, à consommer sans modération. En revanche, allez-y mollo sur le spray Sun In, vous pourriez abîmer vos mèches.
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