Ça vous dirait, pour bien terminer ce mois de janvier, quelque chose d'un peu différent ? Oh, bien sûr – et loin de moi l'intention d'être désobligeant – vous ne datez pas de la dernière pluie, c'est pas à vous qu'on apprendra la grimace du crossover hip hop / rock : vous trouviez déjà ça vachement bath, vous, quand Run DMC et Aerosmith s'acoquinaient pour marcher de telle façon. Et puis l'artiste du jour n'a pas inventé la bouilloire Philips : il ressort de vieilles marmites, mais ne sont-ce pas celles-là même où on fait les meilleures soupes ?
Voici donc Ren, un jeune homme franchement torturé et qu'on ne manquera pas de vous présenter ici ou là comme un « véritable artiste », comme on dit pour parler de Loïc Nottet. C'est-à-dire qu'il a un « univers ». Quand vous aurez écouté – et pourquoi pas regardé – ce qui suit, vous aurez d'ailleurs tendance à opiner. Cela dit, le musicien psychotique qu'on amène en chaise roulante pour qu'il performe son brûlot cathartique, on a déjà vu. Et la chanson où une âme contorsionnée dialogue avec son alter ego maléfique tel un Gollum des quartiers chauds, Eminem l'a déjà fait. Oui mais ici il rappe avec une guitare sèche. Oui mais ça, Plan B l'a déjà fait aussi.
Sauf que. Sauf que Ren anticipe le reproche en citant, dans sa logorrhée, ses deux influences les plus évidentes. Histoire d'affirmer que ses ambitions sont ailleurs, ou bien qu'il se déteste trop pour oser prétendre qu'il se déteste mieux que les autres. Puis il s'interrompt, se met à chanter avec la gouaille d'un Jamie T, avant de repartir dans son délire opératique à la Boo !. Ça part dans tous les sens mais ce n'est pas prog car ça reste décharné, ce n'est pas incohérent parce que c'est solidement interprété. Et oui, bon sang de bois ! ça sort définitivement des sentiers battus.
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