Non mais allez, quoi. À un moment, il faut dire les choses : ce qu'on attend d'un album de rock ascendant cold wave en 2023 se trouve bel et bien sur "Gigi's Recovery", le second LP de Murder Capital. C'est tranchant comme il faut et quand il faut, ça fait bouger la tête tout en foutant le cafard, et le chanteur est moins porté sur les envolées lyriques que sur la scansion fiévreuse. On pense donc forcément un peu à Eddie Argos (sans le deuxième degré), mais plus encore à leurs compatriotes de Fontaines D.C. Car oui, il y a manifestement une façon très irlandaise de pratiquer l'idiome post-punk.
Sans atteindre pour l'instant le savoir-faire de son voisin dublinois, The Murder Capital n'est pas en reste pour concilier une certaine forme de radicalité et un sens mélodique intact : c'est bien la preuve qu'il y a du talent. Le disque ne manque d'ailleurs pas de tubes presque évidents (A Thousand Lives, Ethel) et Dieu sait que tout le monde en a besoin pour supporter ces fins de mois difficiles. Mais c'est un autre highlight de l'album qui vous sera servi comme plat du jour : loin de laisser le plaisir en berne, Crying s'offre même le luxe de jouer sur une rythmique plus prog que n'aurait pas reniée The Smile. Si le titre peut sembler exigeant de prime abord, son côté fruste s'efface rapidement au profit d'une montée en puissance qui devrait réveiller vos instincts primitifs. Ne résistez pas, c'est mauvais pour ce que vous avez.
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