La chanson du 18 janvier : Tim Dup - Les Larmes du Monde

Vous connaissez sûrement ça : il y a parfois, et singulièrement dans le circuit de la chanson française, des artistes dont le triomphe semble disproportionné, et d'autres dont l'insuccès relatif étonne. Ça tient parfois à une chanson qui devient un hymne (La Grenade pour l'une, Dommage pour les autres), à un certain contexte médiatique (demandez à ce gars-ci ou cette fille-là où ils seraient s'ils n'avaient pas participé à un télé-crochet), à un travail assidu sur l'image et la com' (en France ils ont un.e champion.ne, en Belgique on en a au moins deux). 

Évidemment, tous ces gens ont du talent mais ça m'aurait fait plaisir de pouvoir continuer à les applaudir dans des salles à taille humaine et pas dans des barnums pénibles. Mais si, bien sûr que j'aime partager voyons ! C'est juste que je préférais leurs versions timides à l'Orangerie que leurs derniers shows en mode superstars. Et surtout, il faut reconnaître que quand ils se spécialisent dans la chanson efficace, pop et calibrée (que je ne dénigre pas), d'autres tout aussi doués pratiquent une certaine forme d'artisanat qui ne leur apporte pas le même rayonnement. Loin s'en faut.

Toutefois, un Benjamin Biolay ou un Matthieu Chedid ont construit leurs carrières respectives en mode stakhanoviste / pygmalion et sont aujourd'hui consacrés. Pendant ce temps, un Florent Marchet (pour rappel, l'auteur du meilleur album de 2022) continue de briller par sa discrétion. Reconnu, mais modestement : l'idéal pour le fan qui peut jouir d'une belle intimité avec « son » artiste. Mais qui se demande aussi : pourquoi les autres, et pas lui ? 

Dans ce contexte, Tim Dup est un cas d'école. Je l'ai découvert durant une FiftyFifty Session, un de ces concerts secrets où on pouvait aussi applaudir les premiers pas d'artistes franco-belges comme Eddy de Pretto, Angèle, Tamino ou Juliette Armanet. Depuis ce soir où il m'avait impressionné, seul derrière ses synthés, Tim Dup est la seule de ces révélations à ne pas avoir tout pété sur son passage. Au lieu de cela, il emprunte un chemin qui fait penser aux débuts des stakhanovistes précités. Plume de l'ombre et chanteur sensible, ce garçon dispense une poésie simple et tout en délicatesse. Son prochain album – le 4e en seulement cinq ans – est attendu dans quinze jours et la plupart des amateurs de variété française risquent encore de passer à côté. Je peux me l'expliquer (ses chansons ne sont pas efficaces, pas pop, pas calibrées)... mais je ne le comprends toujours pas.


Commentaires

Marc a dit…
Evidemment ces questionnements sans réponses sur les origines de la popularité sont vraiment récurrentes (et je reçois aussi beaucoup d’artistes de quatrième division francophone). On va se contenter de pouvoir toujours voir Will Sheff à la Rotonde. Je dois aussi avouer que ce que j’ai entendu de Tim Dup ne m’a jamais donné envie d’en savoir plus. C’est personnel mais bon, j’accroche pas et je ne suis visiblement pas le seul. Sordide humanité, vous ne méritiez pas Giscard (c’est du Desproges hein…).